lundi, mars 19, 2007

Histoire 4 - Tien An Men

Le 4 mai 1989, des étudiants chinois se rassemblent à Pékin, sur la place Tien An Men .
En ce haut lieu du pouvoir et de la vie politique, face à la Cité interdite, d'autres étudiants avaient déjà manifesté 70 ans plus tôt et donné naissance au Mouvement du 4-Mai, fer de lance de la démocratisation de la Chine.
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Des communistes à la peine
Cette fois, les étudiants défient le gouvernement communiste qui a recueilli l'héritage de Mao Tsé-toung. Celui-ci tente de libéraliser l'économie tout en maintenant la dictature du Parti Communiste Chinois (PCC) dans le respect des «quatre principes fondamentaux : la voie socialiste, la dictature du prolétariat, la direction du PCC et le marxisme-léninisme-pensée Mao Tsé-toung».
Les troubles sociaux et les aspirations démocratiques des classes moyennes mettent à mal le pouvoir communiste. En novembre 1987, le conservateur Li Peng accède à la tête du gouvernement et interrompt le processus de réforme. La tension monte. Le 15 avril 1989, la mort mystérieuse de Hu Yaobang, un hiérarque réputé intègre, soulève une grande émotion dans le camp réformateur.
On annonce par ailleurs la visite de Mikhaïl Gorbatchev le mois suivant à Pékin. Cette visite du secrétaire général du Parti Communiste d'URSS est perçue comme un encouragement à la démocratisation.
Montée de la tension
Les étudiants commencent à se rassembler sur la place Tien An Men dès le 27 avril dans la perspective de la commémoration du 4 mai. On en comptera dans les semaines suivantes jusqu'à un million.
Le 17 mai, les dirigeants chinois sont obligés d'annuler la visite de Gorbatchev à la Cité interdite. Humiliation. Deux jours plus tard, le Premier ministre fait appel à l'armée pour dégager la place mais celle-ci est bloquée aux entrées de la ville par la foule. Le monde entier, sidéré, voit sur les écrans de télévision un jeune homme seul au milieu de la chaussée, défiant une colonne de chars. Nouvelle humiliation. Les étudiants érigent une copie en plâtre de la statue de la Liberté de New York, baptisée « déesse de la Démocratie », au milieu de la place Tien An Men.
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Loi martiale
C'est finalement l'habile Deng Xiaoping (85 ans) qui aura le dernier mot. Celui que l'on surnomme le « petit Timonier », en raison de sa taille et par opposition avec le « grand Timonier », Mao Tsé-toung, règne sur la Chine dans les coulisses.
Il demande à Li Peng d'instaurer la loi martiale et dans la nuit du 3 au 4 juin, l'armée nettoie brutalement la place Tien An Men, faisant au moins 1000 morts et des dizaines de milliers de blessés.
Une brutale répression s'abat sur les démocrates dans toutes les grandes villes du pays. C'en est fini du « printemps de Pékin » et l'on peut croire que la Chine communiste va replonger dans les ornières du passé. Mais Deng Xiaoping voit dans les émeutes étudiantes un signal pour aller de l'avant. Décidé à moderniser la Chine, il use de son influence pour installer au secrétariat général du parti communiste chinois un libéral de vingt ans son cadet, Jiang Zemin.
En 1992, il fait entériner par le bureau politique du parti la décision d'«accélérer le rythme de la réforme et de l'ouverture » et la mise en place d'une « économie socialiste de marché ». Cet oxymoron (rapprochement de deux termes contradictoires) est inscrit dans le préambule de la nouvelle Constitution en mars 1993. C'est ainsi qu'en l'espace d'une décennie, la Chine va changer de visage et entrer de plain-pied dans la cour des Grands... tout en conservant des structures politiques archaïques.

  • Film diffusé à la télévision chinoise quelques jours après le massacre. Il montre les "criminels" arrêtés qui seront, pour la plupart, condamnés à mort et exécutés d'une balle dans la tête.


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