lundi, octobre 29, 2007

Pollution du Yangtze

Le Yangtzé, le plus long fleuve de Chine (6 200 kms), est de plus en plus pollué, certaines portions du cours d'eau étant dans un "état critique", selon un rapport cité dimanche par le quotidien Beijing News.
"L'impact de l'activité humaine sur le Yangtzé est en grande partie irréversible", déplore Yang Guishan de l'Institut de géographie et de limnologie de Nankin, l'un des auteurs du rapport, cité par l'agence officielle Chine Nouvelle.
Par ailleurs, les produits de la pêche dans ce fleuve sont tombés à 100.000 tonnes annuelles dans les années 90 contre 427.000 tonnes dans les années 1950.
Selon une autre étude, les villes situées le long du Yangtzé déversent chaque année 14,2 milliards de tonnes d'eau polluée dans le fleuve, soit 42% de toutes les eaux polluées du pays. Le rapport cité par le Beijing News met également en garde contre les risques importants d'inondations en raison du réchauffement climatique, en dépit de la construction du barrage des Trois gorges.
Le Yangtzé représente environ 35% des ressources en eau douce de la Chine.
Mais tout ne va pas mal sur les rives du Yangtzé ; la compagnie China Yangtze Power, qui exploite le barrage des Trois Gorges, annonce des profits en hausse, de 8.6% à 3.6 milliards de RMB (360 millions d’euros). http://www.interfax.cn/displayarticle.asp?aid=23072&slug=power

Des fermiers chinois vont à la pêche aux métaux

Le prix du fer ne cesse d'augmenter en Chine et dans le monde.
A partir d'avril 2008, selon une enquête de Reuters cette augmentation devrait être d'environ 25%.
Des fermiers chinois, profitant de l'envolée des prix, se sont lancés dans la pêche aux métaux dans les cours d'eau longeant des zone minières en accrochant des aimants à leurs hameçons.
En effet, de nombreuses mines situées en zone rurale rejètent leurs déchets dans les cours d'eau avoisinants et comme il n'y a plus de poissons.
Les fermiers vendent ensuite leurs prises aux usines locales.


Le dauphin blanc de Chine n'existe plus (http://www.baiji.org)

En chinois, on l'appelait le "Baiji", ou "la divinité du Yangtsé". Le dauphin blanc de rivière du Yangtsé, qui fut un temps l'effigie d'un timbre-poste chinois, n'a pas survécu à la pollution et au trafic fluvial.
Cela faisait plusieurs années que personne n'avait plus croisé de Baiji. La nouvelle a été rendue officielle après qu'une expédition, menée par des scientifiques de plusieurs nationalités, a cherché à localiser quelques survivants. En vain.
Le dauphin blanc de Chine, dont on comptait 5000 individus il y a encore moins d'un siècle, est le premier grand animal à disparaître en cinquante ans, après le tigre de Tasmanie.

samedi, octobre 27, 2007

Mes repas 3

Partons à la recherche d'un restaurant.


Mais pourquoi tous ces gens attendent-t-ils devant ce restaurant ?
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Réponse : Pour des baozi (包子), des petits pains farci fourrés de viande et cuits à la vapeur.
Et pour accompagner, voici un émincé de pomme de terre.
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Très bon également, cette préparation faite à base de tomates et d'oeuf en omelette.
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Voici une autre version du même plat mais cette fois avec quelques champignons en plus.
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Et enfin, une troisième version avec cette fois quelques morceaux de salade et le tout sur du riz.
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Mes repas 2
Mes repas 1

lundi, octobre 22, 2007

Les jolis discours de Monsieur Hu


Le congrès du parti communiste chinois a pris fin le 21 Octobre avec un joli discours. Renfort de croissance qualitative et moins de croissance aveugle quantitative ; promesses pour les oubliés du miracle économique, pour ceux qui restent sur le bord de la route empruntée à toute vitesse par les nouveaux capitalistes chinois.
Hu JinTao après avoir évincé le clan de Shanghai en mettant en prison pour corruption le désormais ancien chef du gouvernement de la perle de l'Orient a réussi à renforcer son pouvoir et son autorité malgré les rivalités, les guerres fratricides entre les différents courants au sein même du parti rouge. D’allieurs on ne dit plus ‘évincé’ ou ‘mettre en prison’ mais ‘harmoniser’.


Monsieur Hu a pourtant beau utilisé le mot démocratie plus de 60 fois, tout comme son prédécesseur, monsieur Jiang, le mot minzhuzhengzhi (民主政治) retentit mais reste confiné au sein des rideaux rouges du congrès. La voix monocorde de Hu ne porte pas et ses discours ennuyeux sonnent creux.

La seule montée en énergie a peut être seulement été lorsque Hu a mentionné comme offensant la distinction accordée au Dalaï lama par G.W Bush ou lorsque il s'est dit alarmé par le référendum prévu par Chen SuiBian, le président taiwanais, sur le statut de l'île et son changement de désignation passant de République de Chine à Taiwan pour acquérir la légitimité de prétendre à un siège à l'ONU, reconnaissance symbolique de l'indépendance de l'île.

La nouvelle la plus inquiétante n'est pas que Hu JinTao ne fait pas de vagues par rapport à l'héritage de Jiang ZeMin et n'éprouve pas le besoin urgent de réforme démocratique en profondeur face à une population de plus en plus éduquée et communicative mais elle est sans doute dans l'alignement des lignes plus progressistes personnalisées par le nouveau chef de Shanghai, Xi JinPing ou Li Keqiang du Liaoning.


Pendant ce temps, Xinhua, l'AFP local reporte sans broncher les discours de monsieur Hu et sa ligne éditoriale cultive une grande hauteur de vue lorsqu'elle délivre des informations sur le courroux des chauffeurs de taxi pékinois qui circulent avec une plaque d'immatriculation comprenant les caractères WC, ou le récent geste de la Southern Airlines qui oblige ses clients à ne pas aller aux toilettes en vol pour économiser un litre de fuel... Merci pour ces infos hautements stratégiques.

Il y a quelques jours, alors que je déchifrais des informations sur des sites internet chinois, un ami entre dans ma chambre. Je lui demande ce qu’il pense de ce nouveau congrès et si cela l’intéresse. Réponse normale : « Ca ne m’intéresse pas », « Ce genre de chose, c’est pas pour moi ». Je lui demande alors de m’aider à traduire certains passages qui me posent difficultés. Au bout d’un moment, il exulte : « C’est n’importe quoi, ils veulent réaliser le communisme chinois... mais pourquoi... ca veut dire quoi ? ». Et il conclu : « C’est du théatre ».

Tout ceci me fait penser à une phrase de Pierre Hassner, lue dans son livre ‘La terreur et l’empire’ (Editions du Seuil, collection Point, p.47), en parlant de l’union soviétique : « La terreur ayant presque disparu sous Krouchtchev et l’idéologie sous Brejnev, ce qui restait – le règne d’un language idéologique vide auquel personne ne croit et d’une puissance sans autre légitimité et sans autre objectif que l’autoconservation – était beaucoup moins stable qu’on ne le supposait. ».

Je viens tout juste de terminer l’exellent ouvrage de Stéphanie Balme, Entre soi (Entre soi, L’élite du pouvoir dans la chine contemporaine, Edition Fayard), sur le népotisme dans la vie politique chinoise, ou, comment les communistes révolutionnaires du début du siècle ont placé leurs familles dans la haute sphère du pouvoir actuel grâce à un système de relations entre ellles complexe (je reviendrais plus tard sur la notion de guanxi). A propos d’autoconservation, voici quelques tableaux et extraits intéressants.
.p. 145
Par lien de parenté, les familles se réclament d'un ancêtre (c'est à dire d'un héro) commun, et, suivant la logique de la parenté en chine, forment une lignée. Cette lignée doit entretenir le souvenir du défunt héroïque et, à travers ses actions, celui de l'histoire glorieuse du parti.
A la fin des années 70, un système déjà complexe d'échange parental existe, plutôt de type différé et indirect, comme les résultats l'ont montré, car deux générations sont déjà parties prenantes de la même histoire. Vingt-cinq ans plus tard, le système s'est logiquement complexifié. Quatre, voire cinq générations de leaders historiques vivent sous le même toit.
L'influence du guanxi parental est le produit d'un double processus : d'une part, la longévité du régime socialiste et son corollaire, l'enracinement historique de multiples groupes et sous-groupes d'élites qui le constituent depuis 1949 ; d'autre part, la logique symbolique selon laquelle le pouvoir de Pékin ne peut s'instituer et 'faire régime' qu'en assurant sa reproduction, c'est à dire en sélectionnant ses successeurs. Les pères de la révolutions chinoise peuvent, parce qu'ils ont les héritiers, se définir et se percevoir comme les pères fondateurs d'un régime qui est encore promis à un grand avenir. En conséquence, l'influence importante des liens de parentés va de pair avec un contrôle politique fort exercé sur la distribution du pouvoir en groupes générationnels.
Enfin, la réalité maintes fois décrite des régimes socialistes dotés de bureaucraties dominées par l'opacité de l'information, la pesanteur idéologique ou le secret font que la confiance est une valeur rare et effectivement peu partagée. D'où le rôle des parents, qui peuvent, dans un tel contexte, devenir la principale ressource tant symbolique que réelle pour l'accès au pouvoir.

p.159
Les règles de la distribution du pouvoir ne peuvent se comprendre que par rapport à une forme de certitude que le régime a de sa propre pérennité, ou dans la volonté de l'établir. La confiance se fonde aussi largement sur l'assurance de la solidarité familiale qui est spposée protéger le régime des aléas historiques et individuels. Ensuite, pour les vétérans du régime, l'incarnation de leur passé au travers de leurs enfants répond à une nécessité : la mémoire collective qu'ils symbolisent devient la source de leur légitimation. Les dignitaires du régime transmettent à leurs enfants leur passé glorieux, ce qui donne aux premiers l'autorité nécessaire et donc la légitimité pour conduire les affaires du parti, et assure aux seconds l'accès à l'éritage. Surtout, c'est en transmettant cet héritage qu'ils recréent leur passé, leur histoire, et s'autodésignent comme les héritiers d'une époque héroïque. Réervoir d'images et de modèles d'action, le passé permet d'employer une histoire idéalisée, construite et reconstruite à l'infini selon les besoins.

p. 168
"Avec nos enfants, nos coeurs sont en paix car ils ne nieront pas l'héritage de leurs propres pères" Chen Yun, 1991. Cette assurance de détenir un capital de reconnaissance et de confiance par rapport au legs révolutionnaires et à son héritage fait songer à la phrase célèbre adressée par Mao au successeur qu'il s'était lui-même donné, Hua Guofeng : "Avec toi aux commandes, je suis tranquille". Au delà des discours cependant, il n'y a jamais eu officiellement, sous l'autorité de Deng Xiaoping, de principe général ni de politique de justification du népotisme conçu comme doctrine officielle de délégation patrimoniale du pouvoir.
L'explication la plus directe du phénomène est que, avec l'ouverture du régime et l'accélération des réformes économiques, les "princes"disposent seuls dans leur génération de l'ensemble des ressources politiques, culturelles et idéologiques nécessaires pour accéder aux fonctions institutionnellement les plus puissantes. Réciproquement, le programme de réformes de Deng Xiaoping a besoin pour réussir de leurs guanxi.

Voici également le site de la propagande chinoise en francais http://french.china.org.cn/

dimanche, octobre 21, 2007

Fin du congrès

Le 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC) s'est achevé ce dimanche. La doctrine politique du président Hu Jintao a été intégrée à la constitution du PCC. Des changements prévus au sein de la direction suprême devraient aussi profiter au numéro un.
Avant la cérémonie de clôture du congrès, les 2200 délégués réunis depuis lundi ont fait inscrire dans la constitution du parti la notion de "développement scientifique" - qui vise à allier croissance, protection de l'environnement et égalité économique. Cette décision fait entrer M. Hu au panthéon des grands dirigeants communistes aux côtés de Mao Zedong, Deng Xiaoping et Jiang Zemin.

Durant ce congrès, M. Hu a insisté sur la nécessité d'un "développement équilibré pour assurer une croissance saine et rapide" du géant asiatique en passe de devenir la troisième économie de la planète.
Le Parti communiste chinois a annoncé que le vice-président Zeng Qinghong ne figurait pas parmi les quelque 200 membres du nouveau Comité central. Agé de 68 ans, Zeng occupait la cinquième place dans la hiérarchie du Parti et il a été longtemps associé à Jiang Zemin, prédécesseur du président Hu Jintao. Le départ de Zeng et de deux autres dirigeants du Comité central devrait permettre à Hu d'annoncer, après le Congrès, la promotion de successeurs potentiels.

Wu Guangzheng, 69 ans, responsable de la lutte anticorruption, et Luo Gan, 72 ans, chef de la sécurité, ne font pas non plus partie du nouveau Comité, rapporte le service en anglais de l'agence Chine nouvelle. Mais Jia Qinglin, 67 ans, allié de longue date de Jiang, y demeure.
Parmi les autres personnalités absentes du nouveau Comité central de quelque 200 membres figurent Wu Yi, 68 ans, vice-premier ministre, surnommée la "Dame de fer" pour sa fermeté dans les discussions commerciales avec les Etats-Unis ; le ministre de la défense, Cao Gangchuan, 71 ans, et le vice-premier ministre Zeng Peiyan, 68 ans, chargé de la politique industrielle.

Les personnalités ne figurant pas dans le nouveau Comité central devraient renoncer dans les prochains mois à leurs responsabilités gouvernementales.Le nouveau Comité central va nommer un bureau politique de quelques dizaines de membres et un comité permanent qui pourrait compter neuf membres dont l'identité sera dévoilée lundi.

"Hu a le pouvoir, il lui appartient maintenant de décider comment il veut l'utiliser et ce qu'il veut faire", conclut Li Datong, ancien rédacteur en chef d'un organe du parti, qui publie maintenant des analyses politiques."Mais Hu ne sera pas aventureux. Ce n'est pas dans sa nature".
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Hu a promis une "société harmonieuse" débarrassée des conflits et une "perspective scientifique de développement" destinée à apporter davantage de prospérité dans les villages reculés et aux travailleurs pauvres et à lutter contre la pollution.
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Jiang Zemin, prédécesseur de Hu, a mis treize ans avant de pouvoir marquer le parti de son empreinte, peu avant sa retraite, en 2002. Le fait que Hu soit en mesure de faire de même alors qu'il a encore devant lui plusieurs années à rester en fonction témoigne de son influence croissante, notent des analystes.
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Du nouveau Comité permanent devront émerger, dans cinq ans, les successeurs de Hu et de ses collègues. Li Keqiang, dirigeant du Parti dans la province industriel de Liaoning, dans le nord-est du pays, pourrait être l'un d'entre eux. Il a travaillé avec Hu à la Ligue de la jeunesse communiste. Le nouveau comité permanent pourrait aussi accueillir le chef du parti à Shanghai, Xi Jinping, et d'autres personnalités plus jeunes qui n'entretiennent pas nécessairement des relations de longue date avec Hu.
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En marge de ce congrès, la censure de sites internet s'est considérablement accrue. Il ne m'est ainsi plus possible de déposer mes vidéos sur youtube. La Chine déclare la guerre aux sites de recherche occidentaux. La Chine a unilatéralement bloqué les trois principaux moteurs de recherche et redirige toutes les recherches vers Baidu. Certains suggèrent que la remise d’un prix au Dalai Lama chez le président Américain Georges Bush serait à l’origine de ces décisions ; impossible cependant de confirmer.

Certains suggèrent que la Chine utilise peut-être sa muraille (firewall plutôt...) comme une arme économique plutôt qu’un simple outil de censure, cette dernière étant pourtant certainement derrière cette exclusion de sites américains ; toutefois la redirection vers Baidu semble traduire un motif économique. S’il s’agissait d’une simple censure, nous aurions sans doute droit à des pages bloquées ou non trouvées, pas des redirections vers Baidu. Le gouvernement fait ici usage de la censure au bénéfice d’une société Chinoise (pas au NASDAQ). Les États unis faisant partie de l'OMC comme la Chine, récent nouveau membre, le gouvernement US devrait y déposer une plainte. La chine réclame un accès libre vers les nations de l’Ouest mais elle, non seulement bloque l’accès aux sites mais détourne ouvertement leur trafic.
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A Pékin, les opposants sont harcelés, brutalisés, enlevés
Journal LE MONDE 19.10.07

La tenue du 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC), à l'ouverture duquel le chef du parti et président de la République, Hu Jintao, a prononcé, le 15 octobre, un discours où il a mentionné soixante fois le mot "démocratie", provoque un excès de zèle de la police : ceux, dissidents et défenseurs des droits de l'homme, qui pourraient profiter de l'occasion pour gâcher la grand-messe quinquennale du PCC sont écartés, placés en résidence surveillée, parfois brutalisés.
Zhou Li, une femme de 39 ans, enceinte de plusieurs mois, est une activiste du quartier situé près du célèbre temple du Ciel, une zone où les promoteurs, en cheville avec les autorités municipales, vont faire expulser des milliers de personnes, raser des dizaines de rues pour transformer ce coin populaire du Vieux Pékin en de vastes galeries commerciales. Depuis des mois, elle s'emploie à convaincre les gens de ne pas céder aux compensations financières inadéquates, et appelle à la résistance.
Avant même le début du congrès, elle et ses voisins de la petite cour carrée traditionnelle où elle loge ont commencé à subir le harcèlement des policiers. Deux autres activistes très connus habitent dans la même maison : Sun Xiaodi, un militant écologiste qui a dénoncé la production d'uranium dans la province du Gansu, et Hua Huiqi, chrétien "clandestin" qui appartient à une secte protestante interdite.
RÉSISTANTS DU TEMPLE DU CIEL
Il y a une semaine, ce dernier a été violemment battu devant chez lui par des voyous à la solde de la police. Mercredi, lors de notre rencontre avec Zhou Li, il venait encore d'être brutalisé pour avoir osé, raconte-t-elle, "aller aux toilettes publiques dans la rue". "Les policiers ne laissent plus sortir personne de la maison. Ils ont fini par m'accompagner à l'hôpital pour que je puisse subir des examens, puisque je suis enceinte", dit-elle.
Dans la cour, ce mercredi 18 octobre, c'est l'émotion : la propriétaire, une dame aux cheveux blancs, agenouillée, se prosterne en se tapant le front sur le sol. Elle hurle, désignant deux jeunes hommes : "Ce sont eux qui nous frappent, ce sont eux qui répriment les petites gens comme nous." Trois policiers en civils sont là, vêtus de noir, le visage fermé.
Quelques instants plus tard, une demi-douzaine d'agents, en uniforme cette fois, dont plusieurs officiers et un fonctionnaire s'exprimant dans un anglais correct, font irruption dans la cour, demandent leurs papiers aux deux journalistes présents. Qui seront empêchés de faire leur travail d'enquête alors que Hua Huiqi gît, à moitié inconscient, dans l'une des pièces de la petite cour. On est prié, courtoisement mais fermement, de déguerpir et la police entoure le quartier d'un ruban de plastique jaune qui délimite d'ordinaire une scène de crime. Le piège s'est refermé sur les résistants du temple du Ciel.
Avant l'incident, dans un fast-food situé près de la place Tiananmen, Zhou Li confiait son désabusement : "Je n'ai pas confiance dans le Parti communiste, et Hu Jintao peut bien faire de belles promesses, il est impuissant à changer les choses..."
Depuis plusieurs semaines, la répression contre les défenseurs des droits de l'homme s'est accrue, mobilisant, selon le militant Hu Jia, lui-même en résidence surveillée, "des forces plus importantes qu'à l'ordinaire". Il raconte qu'une quinzaine de policiers campent jour et nuit dans le couloir de son immeuble. L'avocat Gao Zhisheng, connu notamment pour sa défense des membres de la secte interdite du Falun Gong, a disparu depuis des semaines. Un de ses collègues, Li Heping, a été enlevé et passé à tabac par des hommes de main.Dans la province centrale du Hubei, par ailleurs, deux activistes très connus, Yao Lifa et Lu Banglie, ont "disparu" peu avant l'ouverture du congrès du PCC.

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Li Datong, privé de langue de bois
Journal LE MONDE 19.10.07

Maintenant Li Datong a du temps devant lui et il peut parler librement. Avant, il était journaliste communiste ; il est encore journaliste, mais n'est plus communiste. Limogé, il y a presque deux ans, il est très célèbre dans les milieux de la presse pékinoise même si son histoire a été racontée en Occident et passée sous silence dans son pays. Li, 55 ans, est devenu la coqueluche des médias occidentaux. A l'approche du 17e congrès du Parti communiste, il a multiplié les interventions pour conspuer, avec une liberté de ton rare en Chine, l'organisation à laquelle il a adhéré toute sa vie.
Li Datong avait du métier. Pas seulement parce qu'il en connaissait les ficelles, mais surtout parce qu'il savait comment exercer sa profession dans un pays au régime autoritaire. Il raconte que, lorsqu'il était encore rédacteur en chef du supplément d'un quotidien du parti, Le Journal de la jeunesse de Chine, il lui fallait maîtriser deux impératifs pour éviter la censure et contourner la propagande. "D'abord être rapide", explique-t-il, enchaînant cigarettes et verres de thé dans le café cossu d'un quartier un peu glauque du nouveau Pékin. Quand il s'agit de publier un article sur un sujet qui fâche, "il faut aller plus vite que l'interdiction officielle : du coup, on ne peut pas accuser le journaliste de franchir une ligne rouge qui n'avait pas encore été tracée..." L'autre moyen pour écrire sans détour dans un univers où la presse dépend, pour l'essentiel, du bon vouloir de l'appareil de la propagande ? "Saisir sa chance : le président Hu Jintao appelle à respecter la Constitution dans un discours ? Vite, on fait un papier pour critiquer ceux qui ne la respectent pas !" Li Datong, le malicieux, sait bien qui il visait dans ce cas-là : les gens du parti eux mêmes...
Une intellectuelle du PCC, qui préfère ne pas être citée, tient un discours résolument orthodoxe et raille le journaliste : "Il peut bien dire ce qu'il veut sur le parti, ça n'a absolument aucune importance. C'est avec des gens comme Li Datong qu'on provoque le chaos." C'est effectivement l'appareil d'Etat qui a eu le dernier mot. En janvier 2006, Bingdian ("point de glaciation"), l'hebdomadaire dont il est le responsable, est brutalement fermé. L'ordre est venu directement de Li Changchun, tsar de la propagande et l'un des neuf membres du cénacle suprême : le comité permanent du bureau politique du PCC. Li Datong était dans le collimateur depuis un moment.
"Surpris ? Ah oui ! J'étais sidéré, enrage l'ex-rédacteur en chef. Qu'on me limoge, ce n'était pas forcément étonnant, mais que l'on aille jusqu'à fermer Bingdian, ça, je ne pouvais pas l'imaginer. Ce supplément était très lu." D'autant plus que c'est celui du journal des membres de la Ligue de la jeunesse communiste, une organisation naguère dirigée par l'actuel chef du parti et président de la République, Hu Jintao. Li Datong soutient d'ailleurs que ses collègues parvinrent à activer leurs guanxi ("relations"), une arme décisive en Chine pour arriver à ses fins, en politique comme dans les affaires, au sommet de l'Etat. Dix jours après, mais sans Li Datong, Bingdian reparaît. "Hu est intervenu personnellement", soutient l'ancien responsable de l'hebdomadaire.
Mais qu'avait-il donc publié de si dérangeant pour être ainsi brutalement mis à pied ? Le prétexte invoqué à la fermeture de Bingdian était la publication d'un article écrit par un universitaire cantonais, Yuan Weishi, qui critiquait la version officielle de la révolte des Boxers, un violent mouvement anti-occidental instrumentalisé entre 1898 et 1901 par la redoutable impératrice douairière Cixi (dont la graphie habituelle est Ts'eu-hi). Dans les manuels scolaires, l'historiographie officielle de la Chine populaire exalte cette révolte au nom des "valeurs patriotiques". Si la critique du professeur de Yuan était difficile à avaler en haut lieu, elle intervenait après différents articles provocants choisis par Li Datong : entre autres, il avait publié en 2005 un long article d'un Taïwanais s'exprimant sur la démocratie. "
Cela avait mis la propagande en colère. Ils affirmaient que le parti était visé..." .
Pourtant, il est difficile de reprocher à Li Datong de ne pas avoir suffisamment mouillé sa chemise au nom du communisme. A 18 ans, deux ans après le déclenchement de la révolution culturelle, il est envoyé comme des milliers de "jeunes instruits" de son âge - c'est alors l'expression consacrée - partager le sort des paysans. Pour Li, ce sera le sort des nomades : il se retrouve dans la steppe, en Mongolie-Intérieure. Il y restera plus de dix ans.
"Là-bas, j'ai fait différents boulots. J'ai été comptable, chef d'équipe, je vivais avec les pasteurs, je transhumais avec eux." En 1978, après la réouverture du Journal de la jeunesse de Chine, on le contacte depuis le siège du quotidien, à Pékin. Bon communiste, il est devenu entre-temps secrétaire du parti d'un village mongol. On a besoin d'un journaliste parlant la langue des nomades. Li Datong s'exprime très bien dans cette langue. Il commence une carrière de correspondant local, avant d'être nommé plus tard au siège. Comme tous ces "jeunes instruits" qui ne l'étaient pas, il lui faut développer en autodidacte des compétences pour espérer faire carrière. Trop âgé pour passer des concours universitaires, il va arracher, vers la trentaine, un tardif diplôme de littérature en " (s')enseignant à lui-même", selon sa propre formule.
Dès lors, il ne cesse de grimper dans la hiérarchie et devient rédacteur en chef. En 1989, pendant les sanglants événements de Tiananmen, il profite tout de même de l'effervescence pour se mêler des débats en cours : il essaie d'organiser un meeting avec un millier de confrères pour discuter de l'impact du mouvement étudiant. Il le paie cher : "On m'a déchu de mon titre de rédacteur en chef et je me suis retrouvé au placard, aux archives, pendant cinq ans."Et aujourd'hui, après toute cette vie, quel regard porte-t-il sur le Parti communiste ? Il plisse les yeux, répond sans réfléchir : "Le Parti communiste chinois est une grande mafia où tout le monde doit écouter le parrain." Puis il modère un peu le propos : "C'est un parti au fonctionnement non démocratique, mais il évolue : au sommet, on comprend de plus en plus qu'il faut partager le pouvoir. C'est l'un des enjeux du 17e congrès." Li Datong n'est pas un révolutionnaire ; il pense simplement "qu'il faut faire évoluer le parti de manière pacifique."

lundi, octobre 15, 2007

17e congrès du Parti communiste chinois

Le 17e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui doit s'ouvrir le 15 octobre à Beijing, a une grande importance pour le monde, a indiqué jeudi à Bruxelles le président du Parlement européen, Hans-Gert Poettering.
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Ce lundi 15 octobre marque à Pékin l'ouverture du 17e congrès du Parti communiste chinois. Ce matin, les chaines de télévisions retransmettaient en direct l'ouverture de la nouvelle cession.
Depuis plusieurs semaines, on sent venir l'évènement. Une vague de répression s'est abatue sur les contestataires du régime. Des milliers de sites internet ont également été coupés. L'AFP rapporte que "les hébergeurs de blogs signent un code de conduite politique".

Voici le texte (de l'AFP) :

Yahoo!, MSN et d'autres hébergeurs de blogs en Chine ont signé cette semaine un code de conduite visant à "protéger les intérêts de l'Etat chinois", a indiqué un organisme gouvernemental.
Ces entreprises, étrangères et nationales, s'engagent à respecter les lois chinoises, à ne pas diffuser des "messages illégaux et erronés" et à "protéger les intérêts de l'Etat et du public chinois", selon le site de la Société Internet de Chine.
"Afin de promouvoir un environnement médiatique favorable pour le 17e Congrès du Parti communiste chinois (NDLR prévu à l'automne), la Société Internet de Chine a décidé de standardiser les services pour blogs", poursuit le communiqué de l'organe affilié au ministère de l'Industrie de l'information.
Le code de conduite "encourage" aussi les hébergeurs à identifier les blogueurs.
Yahoo ! China, déjà pointée du doigt pour avoir permis l'arrestation d'un dissident condamné à 10 ans de prison, et MSN ont confirmé vendredi qu'elles avaient signé le "pacte d'auto-discipline", mais n'ont pas souhaité commenter.
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé la signature de ce code de conduite, estimant que les autorités ont désormais les moyens d'identifier les blogueurs subversifs.
"C'est une décision qui aura des conséquences très graves sur la blogosphère chinoise et qui marque de fait la mort du blogging anonyme. Une nouvelle vague de censure et répression risque de s'ouvrir", estime RSF dans un communiqué.
La Chine compte plus de 100 millions d'internautes et plusieurs dizaines de millions de blogueurs qui expriment souvent des opinions qu'on ne trouve pas ailleurs dans les médias chinois.

En prononçant, lundi 15 octobre, un discours de deux heures et demie à l'ouverture du 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC), le président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, a mis l'accent sur la nécessité de corriger les impacts sociaux négatifs de la croissance, a promis de veiller à la défense de l'environnement et a appelé à la poursuite de la lutte contre la corruption. Il a également affirmé souhaiter un "accord de paix" avec Taïwan, dont l'indépendance ne sera "jamais tolérée".

M. Hu, qui est aussi le secrétaire général du PCC, a affirmé que le décollage de la Chine s'est effectué au prix d'"un coût excessif pour nos ressources et notre environnement". "Le développement des villes et des campagnes et celui entre l'économie et la société demeure déséquilibré", a-t-il dit, annonçant que "les schémas de développement doivent être changés de manière significative".
La grand-messe quinquennale du Parti communiste chinois est l'occasion, pour les quelque 2 000 délégués du congrès, de réélire le comité central, chargé de choisir les membres du bureau politique, et, pour le numéro un, d'assurer son contrôle sur l'appareil.

Même si sa marge de manœuvre politique est plus réduite que celle de ses prédécesseurs en raison d'un processus de décision plus consensuelle imposant négociations et compromis, il ne fait pas de doute que Hu Jintao sera "réélu" pour cinq autres années, à l'issue du congrès.

L'insistance mise par le numéro un chinois sur les excès de la croissance tranche nettement avec le discours de son prédécesseur, Jiang Zemin, dont certains partisans continuent de jouir d'une certaine influence : si M. Jiang était un partisan de la croissance à tous crins, M. Hu est conscient que les succès enregistrés au plan économique ne suffisent pas à lancer le pays sur la voie "de la prospérité moyenne" qui constitue une perspective de développement à l'horizon 2020.
En mettant l'accent sur les nécessités du développement d'un marché interne de consommation, qui est encore balbutiant, le chef du PCC a laissé entendre que les investissements et l'exportation ne peuvent à eux seuls assurer un développement "harmonieux et scientifique". Il a annoncé que le PNB par tête devrait être quadruplé, précisément d'ici à 2020.

Au plan politique, Hu Jintao a affiché la prudence qui le caractérise, annonçant des "restructurations" et appelant à plus de démocratie, notamment à la base, tout en prévenant qu'il s'agit de "maintenir une orientation politique correcte". En clair, à l'heure où certains intellectuels "libéraux" du parti poussent à la démocratisation et à une plus grande ouverture, le président rappelle, comme l'a souligné le porte-parole du congrès, que la Chine ne se transformera pas en un système démocratique à l'occidentale.
La corruption reste l'un des obstacles les plus récurrents à cette "harmonie" tant désirée : "Punir résolument et prévenir de façon efficace la corruption est une tâche politique fondamentale car il en va du soutien de la population pour le parti et sa survie même", a prévenu M.Hu.

A propos de Taïwan, alors que les propos et gestes indépendantistes du président de l'île rebelle aiguisent les susceptibilités pékinoises, M. Hu s'est montré relativement modéré, appelant "de manière solennelle à discuter d'une fin formelle des hostilités et de parvenir à un accord de paix".
La situation s'est récemment tendue entre Pékin et Taïpeh après que le président taïwanais, Chen Shui-bian, a répété son intention d'organiser un référendum qui ressemble, pour la Chine communiste, à une quasi-déclaration formelle d'indépendance. Un casus belli pour Pékin. "La Chine ne tolérera jamais que quiconque sépare Taïwan de la mère patrie", a lancé le numéro un chinois.

Voici quelques extraits du discour que l'on peut déjà retrouver en ligne. http://www.cctv.com/

En brandissant bien haut l’étendard du socialisme à la chinoise, nous nous efforcerons, unis autour du Comité central du Parti, animés d’une seule et même volonté et dotés d’un esprit novateur, de réaliser de nouveaux succès dans le développement général d’une société de moyenne aisance et de composer un nouveau chapitre de la vie heureuse du peuple chinois !

Il nous faudra réaliser, grâce à des études assidues et à des efforts acharnés, des exploits capables de résister à l’épreuve de la pratique et de l’histoire, ainsi qu’au contrôle de la population. Nous devrons raffermir la solidarité de notre peuple, prendre en considération l’intérêt général, sauvegarder consciencieusement la cohésion et l’unité du Parti en même temps que les liens de chair et de sang entre celui-ci et les masses populaires, consolider la grande union de notre peuple multiethnique, renforcer celle de tous les Chinois et leurs ressortissants à l’étranger, et promouvoir celle entre le peuple chinois et les autres peuples du monde. C’est ainsi que nous saurons surmonter toutes les difficultés et apporter un puissant soutien qui permettra à la cause du Parti et du peuple de remporter de nouvelles et plus éclatantes victoires.

Tous les membres du Parti doivent se rendre compte avec lucidité que nous avons encore à travailler dur pendant une bonne dizaine d’années pour réaliser le développement général d’une société de moyenne aisance, que nous devrons lutter pendant plusieurs décennies pour accomplir pour l’essentiel la modernisation du pays, et que des efforts inlassables de plusieurs, d’une dizaine voire même de plusieurs dizaines de générations nous seront nécessaires pour consolider et développer le socialisme. La lutte est toujours accompagnée de difficultés et de risques. C’est pourquoi nous devrons rester vigilants même en temps de paix, et être prêts à affronter des difficultés et des épreuves de tout genre, cela en préservant une confiance absolue et constante dans la théorie marxiste, dans la réalisation du socialisme à la chinoise et dans le remarquable renouveau de la nation chinoise. Il nous faudra nous garder de toute présomption et de toute précipitation, travailler dur, être profondément conscients de la situation fondamentale de notre pays qui se trouve encore dans la phase primaire du socialisme et déployer des efforts incessants pour la cause du Parti et du peuple.

Camarades ! Conduire le peuple chinois à bâtir une vie heureuse et à réaliser le remarquable renouveau de la nation chinoise, telle est la tâche historique que notre Parti assume avec courage depuis sa fondation. Pour accomplir cette tâche, des générations et des générations de membres du Parti communiste chinois ont combattu vaillamment par vagues successives et, parmi eux, les martyrs révolutionnaires sont innombrables. A notre époque, les membres du Parti communiste chinois doivent continuer à assumer cette tâche historique. La réforme, l’ouverture sur l’extérieur et la modernisation socialiste que notre peuple multiethnique entreprend sous la conduite de notre Parti ne sont autre que la continuation et le développement de la construction du socialisme entamée depuis la fondation de la Chine nouvelle, ainsi que la poursuite et le développement de la vaste entreprise menée par le peuple chinois depuis l’époque moderne en vue de conquérir l’indépendance nationale et de réaliser la prospérité du pays. En jetant un coup d’œil rétrospective sur le passé, nous sommes profondément conscients que nous assumons des tâches à la fois sacrées et glorieuses. En portant nos regards vers l’avenir, nous sommes pleinement confiants en la réalisation des trois tâches historiques suivantes : faire progresser la modernisation du pays, réaliser la réunification de la patrie, contribuer à la sauvegarde de la paix mondiale et au développement commun.

Il faudra appliquer strictement le système de responsabilité en matière d’intégrité et de style de travail du Parti. Dans le même temp, il faudra continuer à améliorer le système de réforme et d’innovation et à favoriser le développement d’une culture prônant l’administration honnête, de manière à mettre en place un mécanisme durable de dissuasion, un système institutionnel d’anticorruption et un mécanisme de supervision et de contrôle de l’exercice du pouvoir. Nous devrons améliorer la gestion centralisée des institutions accréditées en province par les organismes de contrôle de la discipline et de supervision et parfaire le régime de tournées d’inspection. Nous nous attacherons tout particulièrement à assurer l’intégrité et l’autodiscipline des cadres dirigeants et à rendre les cadres membres du Parti mieux résistants tant à la corruption qu’à la dégénérescence. Nous sommes déterminés à corriger les pratiques malsaines portant atteinte aux intérêts de la population et à résoudre effectivement les problèmes qui ont suscité de fortes réactions parmi les masses populaires. Des poursuites rigoureuses seront menées contre tous les cas de violation de la discipline et de la loi, et les éléments corrompus seront punis sans la moindre complaisance !

Développer énergiquement la démocratie au sein du Parti en vue de renforcer son unité et sa cohésion. La démocratie à l’intérieur du Parti fournit une garantie importante tant pour la stimulation de sa vitalité innovante que pour la consolidation de son unité et de sa cohésion. Nous chercherons à faire progresser la démocratie populaire grâce à l’élargissement de celle au sein du Parti, ainsi qu’à favoriser la cohésion sociale grâce au renforcement de l’harmonie dans ses rangs. Nous devrons respecter le rôle primordial des membres du Parti, garantir leurs droits démocratiques, augmenter la transparence dans la gestion des affaires du Parti et créer à son intérieur une ambiance démocratique de discussion. Pour perfectionner le système des congrès du Parti, il convient d’assurer que les délégués aux congrès soient élus pour une durée déterminée et de choisir des districts (municipalités et arrondissements) pour y mener une expérience pilote en ce qui concerne la tenue régulière du congrès du Parti local. Il faudra également améliorer à tous les échelons les mécanismes de travail tant du comité du Parti local que de son comité permanent, de manière à faire jouer aux comités du Parti un rôle essentiel dans les prises de décision sur les problèmes importants. Dans la perspective d’éviter l’acte arbitraire d’un seul individu ou d’une minorité dans les prises de décision, il importe d’appliquer strictement le centralisme démocratique et de parfaire le système permettant d’associer la direction collective à la responsabilité individuelle.

Parallèlement, nous veillerons à guider la transformation du monde tant objectif que subjectif à la lumière d’un marxisme en pleine évolution, et à maîtriser les lois qui déterminent l’exercice du pouvoir par le Parti communiste, l’édification socialiste et l’évolution de la société humaine. C’est ainsi que nous pourrons améliorer notre capacité à analyser et à résoudre les problèmes d’ordre pratique en ayant recours aux théories scientifiques. Il faudra renforcer l’éducation des membres et des cadres du Parti tant sur les plans de l’idéal et des convictions que sur les plans idéologique et moral, en sorte qu’ils donnent l’exemple dans l’application du système de valeurs essentielles du socialisme, qu’ils se pénètrent du grand idéal du communisme comme de l’idéal commun du socialisme à la chinoise, qu’ils appliquent fidèlement le concept de développement scientifique, qu’ils contribuent à la mise en valeur de la conception socialiste de l’honneur et du déshonneur et qu’ils prennent une part active à la promotion de l’harmonie sociale.

Approfondir l’étude et l’application du système théorique du socialisme à la chinoise, faire bénéficier à tout le Parti des derniers acquis de la sinisation du marxisme. Le perfectionnement idéologique et théorique constitue un volet principal de l’édification du Parti, et l’innovation sur le plan théorique dirige l’innovation dans les autres domaines. En réponse à l’exigence de former un parti dont tous les membres s’attachent à l’étude, et en association étroite avec une pratique vivante dans les domaines de la réforme, de l’ouverture et de la modernisation, nous nous appliquerons à mener en profondeur l’étude du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Zedong, de la théorie de Deng Xiaoping et de la pensée importante de Triple Représentativité, de même qu’à mobiliser tout le Parti en vue de mieux assimiler et appliquer le concept de développement scientifique.

Fondé il y a 86 ans, notre Parti est depuis 58 ans un parti au pouvoir qui compte jusqu’ici plus de 70 millions de membres. Ce qui fait que la tâche de son éducation et de sa gestion est devenue plus lourde que jamais. La réforme et l’ouverture sur l’extérieur dirigées par notre Parti lui ont insufflé en effet une nouvelle vitalité, mais elles l’exposent en même temps à de multiples défis et épreuves inédits. La conjoncture tant mondiale que nationale, comme la situation de notre Parti, ont évolué de telle manière que notre Parti fait face à la tâche à la fois urgente et importante de renforcer son édification dans un esprit de réforme et d’innovation. Ainsi, il lui faudra, en prenant comme axe l’amélioration de sa capacité à exercer le pouvoir et la préservation de son caractère progressiste, veiller à ce qu’il contrôle étroitement le comportement de ses membres et qu’il fasse régner une stricte discipline dans ses rangs ; il lui importera aussi de suivre le principe recommandant d’exercer le pouvoir pour le peuple, avec le réalisme le plus absolu et l’intégrité la plus parfaite.

Le socialisme à la chinoise est une cause qui fait appel à la réforme et à l’innovation. Pour être apte à créer sans cesse de nouveaux contextes en faveur du progrès de cette cause en se tenant à la pointe de notre temps et à la tête du peuple, notre Parti devra renforcer sa propre édification dans un esprit de réforme et d’innovation et demeurer le noyau dirigeant ferme de la cause du socialisme à la chinoise.

La Chine ne peut pas assurer son développement sans le monde, tout comme celui-ci ne peut pas maintenir sa prospérité et sa stabilité sans la Chine. Le peuple chinois est déterminé, de concert avec les autres peuples, à poursuivre ses efforts pour la réalisation de l’idéal radieux de l’humanité.

A l’époque contemporaine, les relations entre la Chine et le monde ont connu un changement historique : l’avenir et le destin de la Chine se lient de plus en plus étroitement à ceux du monde. Quels que soient les changements de la situation internationale, le gouvernement et le peuple chinois hisseront toujours bien haut l’étendard de la paix, du développement et de la coopération. Nous poursuivrons une politique extérieure d’indépendance et de paix. Nous sauvegarderons la souveraineté, la sécurité et les intérêts du développement de notre pays, et nous resterons fidèles au but de notre politique étrangère qui est de sauvegarder la paix mondiale et de favoriser un essor commun.

La réunification des deux rives du détroit de Taiwan sera une conséquence inéluctable de l’histoire pour la nation chinoise qui va vers son grand renouveau. Nous sommes convaincus que, grâce à l’unité étroite et aux efforts conjoints de tous les fils et de toutes les filles de la nation chinoise résidant en Chine comme à l’étranger, la réunification complète de la patrie s’accomplira tôt ou tard.

A l’heure actuelle, alors que les partisans de l’“indépendance de Taiwan” redoublent d’efforts pour se livrer à des activités de sécession qui portent une grave atteinte au développement pacifique des relations entre les deux rives, les compatriotes des deux rives doivent agir de concert pour combattre et endiguer ces activités. La souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine ne toléreront pas la division. Tout problème qui touche à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine doit être réglé en commun par l’ensemble du peuple chinois, dont les compatriotes de Taiwan. Nous sommes prêts à faire tout notre possible, avec le plus profond dévouement, pour réaliser la réunification pacifique des deux rives, et nous ne permettrons jamais à personne d’arracher Taiwan à la Chine, sous quelque forme que ce soit ou à quelque titre que ce soit.

Le maintien de la stabilité et de la prospérité durables à Hong Kong et à Macao constitue un sujet d’importance majeure auquel le Parti se trouve confronté lorsqu’il gouverne le pays et administre les affaires politiques dans le nouveau contexte actuel. Nous resterons fidèles aux principes d’“un pays, deux systèmes”, d’“administration de Hong Kong par les Hongkongais”, d’“administration de Macao par ses habitants” et d’un haut degré d’autonomie de ces deux régions, et nous agirons strictement conformément aux Lois fondamentales des régions administratives spéciales. Nous soutiendrons sans réserve les gouvernements des régions administratives spéciales dans leurs obligations d’exercer le pouvoir en vertu de la Loi fondamentale respective, de développer énergiquement l’économie, d’améliorer la vie des habitants et de promouvoir la démocratie.

Le retour de Hong Kong et de Macao dans le giron de la patrie a enrichi la pratique d’“un pays, deux systèmes”. Ce principe s’avère complètement juste et plein de vitalité. Réaliser la réunification pacifique de la patrie selon ce principe se conforme aux intérêts fondamentaux de la nation chinoise.

Pour nous adapter à la nouvelle situation du développement militaire dans le monde et aux nouvelles exigences du développement de notre pays, nous devrons innover sans cesse la théorie, les techniques, l’organisation et la gestion militaires, réajuster la structure organique et la composition des effectifs des forces armées, ainsi que les mesures politiques et les règlements qui les régissent. C’est ainsi que nous verrons former progressivement une série complète de modes d’organisation, de dispositions institutionnelles et de modes de fonctionnement scientifiques et conformes aux conditions spécifiques de la Chine et aux lois de l’édification d’une armée moderne. Nous devrons restructurer le système des sciences, des technologies et des industries de la défense nationale ainsi que le régime d’achat d’armements et d’équipements militaires, de façon à améliorer la capacité d’innovation autonome, à accélérer la mise au point de nouveaux armements et équipements militaires et à élever leur qualité. Dans ce domaine, il nous faudra perfectionner le système de recherche et de production qui permet d’associer l’industrie militaire à l’industrie à usage civil et d’assurer l’interchangeabilité des technologies, ainsi que celui de formation des militaires qualifiés et de soutien logistique de l’armée, et il nous importe aussi d’administrer les forces armées dans un esprit de diligence et d’économie. Tout cela de manière à nous frayer une voie de développement dual — militaire et civil — à la chinoise. Il nous faudra, afin de développer et faire prospérer les sciences militaires, procéder à des recherches approfondies sur les caractères et les lois concernant l’édification et l’administration de l’armée dans le nouveau contexte historique ainsi que sur les stratégies et tactiques d’une guerre populaire.

On améliorera l’aptitude des établissements médicaux et sanitaires à prévenir et à contrôler les maladies graves ainsi que leur capacité d’intervenir rapidement en cas d’accidents sanitaires majeurs. On veillera à renforcer la construction d’un réseau rural de services sanitaires à trois niveaux et d’un système urbain de services sanitaires des quartiers et à approfondir la réforme des hôpitaux publics. On mettra en place un système national de médicaments de base visant à assurer la médication fondamentale de la grande masse des gens. On améliorera la formation du corps médical sur les plans moral et professionnel, ainsi que la qualité des services médicaux. Il faudra garantir sans faute la sécurité des aliments et des médicaments. On poursuivra la politique fondamentale de planning familial, maintiendra un faible taux de natalité et améliorera la santé des nouveau-nés. On devra déployer un mouvement patriotique pour l’hygiène et améliorer la protection de la santé maternelle et infantile.

Appuyé par son premier ministre, Wen Jiabao, l'actuel numéro un chinois (Hu Jintao) s'est employé, au cours de son quinquennat, à marquer la Chine de son empreinte et à assurer son assise dans un cénacle de pouvoir où les décisions sont prises par consensus, sur fond de luttes de clans et d'influences. Ce 17e congrès va inaugurer le deuxième "mandat" du secrétaire-président, au cours duquel il est censé contrôler fermement le pouvoir, afin d'être en mesure d'appliquer pleinement sa politique et de laisser sa trace dans l'Histoire.
"Les numéros un chinois se prévalent toujours d'une légitimité acquise par la critique de leurs prédécesseurs", explique un intellectuel du parti qui requiert l'anonymat. C'est précisément à cet exercice que s'est livré M. Hu pendant cinq ans : il n'a cessé de se démarquer de Jiang Zemin, l'ancien chef du parti qu'il a remplacé au poste de secrétaire général en 2002, de président en 2003 et de chef de la commission militaire centrale en 2004.
M. Jiang, 80 ans, fut l'homme qui présida au foudroyant décollage de la Chine, à la fin des années 1990. Il personnifia la vision d'une croissance à tous crins, au mépris des conséquences sociales et écologiques.
M. Hu a modifié le discours dans le but – théorique pour le moment – d'infléchir la trajectoire : l'actuel numéro un exalte désormais les vertus de l'"harmonie sociale", afin que les nécessités de la croissance économique cessent d'alimenter les disparités de revenus entre villes et campagnes et les répercussions sur l'environnement d'une Chine toujours plus assoiffée d'énergie.
Il veut que soit inscrite dans les textes sa philosophie du "développement scientifique", qui revient, selon un diplomate étranger à Pékin, à "replacer l'individu au cœur du développement". C'est-à-dire à limiter l'impact social d'une croissance aveugle.
Le souci premier de Hu Jintao est donc de diminuer au maximum l'influence des hauts responsables qui se réclament encore de l'héritage de Jiang Zemin et du "clan de Shanghaï" : c'est là-bas que l'ex-numéro un a puisé sa légitimité.
Si l'enjeu de ce congrès est important pour déterminer les futurs équilibres de pouvoir dans l'appareil, ce qui s'y prépare est, comme à l'accoutumée, enveloppé du secret le plus total. A Pékin, la machine à rumeurs tourne à plein depuis des semaines, relayée par toutes sortes de prévisions d'experts, de sinologues, de diplomates, de journalistes étrangers ou hongkongais.
Les spéculations tournent d'abord autour de la possible diminution du nombre de membres du comité permanent du bureau politique, le saint des saints de l'appareil, là où tout se décide. Ils sont neuf, mais Hu Jintao serait tenté de réduire ce chiffre à sept, afin qu'il lui soit plus aisé d'y faire nommer ses affidés.
Tout le monde ne parle plus que de Li Keqiang, 52 ans, l'actuel chef du parti dans la province du Liaoning, dans l'ancienne Mandchourie, qui devrait entrer au comité permanent. Cet ancien compagnon de route de M. Hu à la Ligue de la jeunesse communiste serait bien placé pour le remplacer à la tête du parti à l'échéance du prochain congrès, en 2012.
Mais un autre candidat pourrait brouiller les cartes : Xi Jinping, 54 ans, fraîchement nommé secrétaire du parti à Shanghaï, pourrait lui aussi faire son entrée au cénacle suprême. Et prétendre viser de plus hautes fonctions à l'avenir. Ce fils d'une lignée connue de hauts responsables communistes bénéficie de bons soutiens, notamment ceux des supporteurs de Jiang Zemin.
La nouveauté de ce congrès tient, en fait, pour beaucoup dans l'évolution du processus de succession : Deng Xiaoping avait, en son temps, pu se permettre de choisir et son successeur (Jiang Zemin) et le successeur de ce dernier (Hu Jintao). Ce n'est plus le cas aujourd'hui, le chef du parti et ses amis faisant face à des difficultés pour imposer leurs hommes : le numéro un ne règne plus en maître absolu.



Pour ce qui concerne l'organisation du pouvoir politique en chine, je vous renvoi à un précédent message Modèle politique

dimanche, octobre 14, 2007

Comportements en Chine

Habitudes de vie
Pour s'adapter au rythme de vie des Chinois, il est important de savoir que tout se passe plus tôt que chez nous: on se lève tôt, on mange tôt et on se couche tôt.
Les Chinois se lèvent vers 6 h - 6 h 30 (encore plus tôt à la campagne) et attaquent leur journée par un copieux petit déjeuner a base de soupe de riz, de galettes, de petits pains farcis cuits à la vapeur, de nouilles et même de restes réchauffés du repas de la veille. Fréquemment, on mange des légumes ou encore bien d'autres friandises salées.
On peut observer très tôt le matin, les Chinois qui dansent, qui font du "tai ji quan" ou d'autres exercices d'arts martiaux dans la rue ou dans les parcs. Ce sont toujours des rythmes lents qui éveillent peu à peu le corps. Ces exercices permettent à tout âge de rester en bonne forme physique et mentale. Dans certianes villes, on peut également voir de vieux messieurs promenant leurs oiseaux. Ils suspendent les cages dans les arbres ou sur des fils et bavardent en les écoutant chanter.
En règle générale, les Chinois se rendent à leur travail à vélo.
Les Chinois déjeunent vers 11 h - 11 h 30, et même 10 h 30 lorsqu'ils ont commencé la journée très tôt. Le repas peut durer jusqu'à 13 h 30 mais pas au-delà. Ne vous étonnez pas si l'on refuse de vous servir dans un restaurant passé ce délai.
Une autre institution à prendre en considération lorsque que l'on se trouve avec des Chinois au début de l'après-midi c'est la sieste !
Quelques minutes suffisent pour couper la journée mais un Chinois appréciera que vous respectiez ces instants de calme.
La journée de travail se termine vers 16 h 30 - 17 h 30, pour la majorité des citadins. C'est l'heure de pointe où vous verrez les rues envahies de vélos et des files d'attente impressionnantes devant les arrêts d'autobus.
On dîne à partir de 18 h, éventuellement 19 h. Vous risquez de trouverer porte close dans la plupart des restaurants, si vous vous présentez à 20 h (sauf dans certaines rues). Une seule solution vous rabattre sur les restaurants des grands hôtels ou dans la rue (marchands ambulants). Il existe également des marches nocturnes où l'on peut se restaurer à toute heure.
Si vous aimez la vie nocturne trépidante, Vous serez déçus les Chinois se couchent tôt. Les rues des villes du nord sont quasiment désertes mais plus on descend dans le sud, plus les rues restent animées le soir. Il existe maintenant, dans les grandes villes, des "bars-karaoké " pour Chinois fortunés et Occidentaux.
Les gestes
Les Chinois ne se servent pas de leurs mains pour exprimer des sentiments. La gesticulation implique la colère, la perte de contrôle de soi, or les Chinois ont pour principe de se dominer en toutes circonstances et sont très choqués par notre façon d'élever la voix et de gesticuler pour montrer notre colère ou notre impatience.
Les Chinois ne montrent pas leurs sentiments car ils ne veulent pas imposer leurs opinions. Pour dire "oui" ou "non" les Chinois hochent la tète comme nous, mais dire "non" est inhabituel pour un Chinois. Il préférera utiliser un moyen détourné : son "oui" peut donc signifier "non" ou "peut-être".
Un doigt pointé vers un interlocuteur ou une tierce personne est un signe d'agression : on ne montre jamais du doigt une personne, seulement un objet ou une direction. Pour désigner quelqu'un, on tendra la main vers lui, paume ouverte.
Les Chinois s'accroupissent souvent pour se reposer en attendant le bus ou en mangeant.
Les Chinois se servent d'une seule main pour compter jusqu'à 10, alors que les Occidentaux ne comptent que jusqu'à 5 à l'aide d'une seule main.
Ploitesse
Les Chinois n'ouvrent pas leurs cadeaux devant les invités, ils se soucient donc de ne pas montrer leur envie et se contentent d'un "merci" poli. Les Chinois pour être polis arrivent à l'heure à une invitation à un repas. La politesse chinoise exige que l'hôte raccompagne les invités ou les visiteurs jusqu'à l'extérieur de la maison.
Les Chinois n'utilisent les excuses, les remerciements, le bonjour... que lorsque c'est vraiment nécessaire. Par exemple, "bonjour", "merci", "s.v.p." … sont d'un emploi très limité on ne ressent pas le besoin d'utiliser ces formules lorsque l'on rentre dans un magasin ou lorsque que l'on ne connaît pas la personne.
Habillement
Les Chinois sont particulièrement pudiques, d'une pudeur qui n'est pas tout à fait la nôtre : on met son corps â l'abri des regards des autres et des tentations. Les filles découvrent rarement leur gorge, leur poitrine et les épaules mais, par contre, peuvent porter des jupes très courtes.
Plus on est âgé, plus on cache son corps, plus on adopte des couleurs sombres (les teintes de la vieillesse). Par contre, les enfants ont des vêtements très colorés. Les bébés portent des culottes fendues pour plus d'hygiène.
Les teintes préférées des Chinois sont le jaune et surtout le rouge, ce dernier est associé au bonheur et au mariage. Ce sont aussi les couleurs féminines par excellence. Les hommes sont plutôt habillés en bleu, gris ou vert. Le blanc dans la tradition est associé au deuil. Mais, dans les grandes villes, de plus en plus de Chinoises "occidentalisées" se marient en blanc.
L'habillement a d'abord une fonction utilitaire en hiver, la lutte contre le froid prime sur l'élégance. A la belle saison, on redécouvre le plaisir de porter des tenues légères en coton ou en soie.
Sentiments
Pour se saluer, les Chinois évitent de se toucher, on ne s'embrasse pas en public, même par amitié entre hommes et femmes. On ne se serre pas non plus la main, sauf chez les intellectuels et les étudiants. On se contente simplement d'incliner la tête à distance. Même pour remettre un objet, on évite de le donner de la main à la main. Les étrangers commettent fréquemment des impairs : pas question de faire la bise à une accompagnatrice chinoise pour lui dire au revoir. Si elle n'est pas au fait de nos habitudes, elle sera terriblement gênée et risquera de le prendre très mal.
Les Chinois sont très réservés et pudiques, donc toute marque d'intérêt d'un homme pour une femme fait figure d'un engagement, de déclaration. En revanche, il est courant de voir deux garçons ou deux filles se tenir par la main sans que cela soit équivoque.
Se laisser facilement aller à montrer ses sentiments, à dévoiler sa nature profonde en public, à révéler ses insuffisances, ses défauts, veut dire que l'on est faible. Pour réussir, il faut être impassible. Certains Occidentaux diront hypocrite, mais celui qui dit directement ce qu'il pense échouera et celui qui se maîtrise bien atteindra son but. Aux yeux des Occidentaux, les Chinois sont impénétrables, on ne sait jamais ce qu'ils pensent. Et c'est vrai qu'ils offrent un visage lisse, neutre. Là où nous manifestons toute la gamme de nos sentiments dépit, colère, joie, tristesse, les Chinois opposent leur sérénité leur calme à notre agitation.
L'étranger, surtout lorsqu'il parle mal le chinois ou pas du tout, se croit souvent la cible de l'hilarité générale. Ce n'est pas toujours faux son grand nez, sa barbe, sa chevelure hirsute ou ses vêtements fantaisistes sont assurément risibles au milieu d'une foule de Chinois. Son accent et son usage erratique des tons, lorsqu'il essaye de communiquer, déclenchent volontiers le fou rire. Il ne faut surtout pas s'offusquer mais, au contraire, rire avec eux. Les Chinois peuvent aussi rire pour ne pas perdre contenance, lorsqu'ils se trouvent dans une situation difficile.
La plus grande erreur pour un Occidental serait de faire perdre la face à un Chinois. Dans une situation délicate, il faut toujours savoir lui ménager une issue honorable.
Le coût de la vie
Les éléments principaux du coût de la vie pour un expatrié en Chine sont :
- le logement - la scolarité - les déplacements (si on voyage) - des produits alimentaires importés - certains restaurants de cuisine occidentale.
En revanche, les produits alimentaires locaux sont bon marché, ainsi que la plupart des restaurants Chinois.
L'habitation
Toute appropriation d'un espace de vie en Chine commence par la construction du mur qui l'entoure. Cet enfermement volontaire est renforcé par le fait que la maison chinoise traditionnelle est toujours organisée sur un espace clos. Il a fallu la puissance de l'industrialisation moderne pour que son cadre éclate en immeubles de type HLM, alors que le cadre mental est inchangé. Les Chinois ne se sentent, en général, pas à l'aise dans des maisons aux vitres donnant sur la rue. Cependant, dans les grandes villes, les familles sont obligées de vivre dans une toute petite pièce à l'intérieur d'un immeuble.
Chaque habitation chinoise est organisée selon le principe du "Feng Shui" (art d'organiser les maisons et l'environnement dans lequel on vit). En effet, l'harmonie doit régner dans chaque endroit, aussi il faut de l'harmonie entre les couleurs, l'emplacement de la maison par rapport à l'eau souterraine (la hauteur du sol) et par rapport aux cinq éléments métal, bois, eau, feu, terre (les matériaux avec lesquels on construit la maison). Cela revient à équilibrer le "yin" et le "yang". Un carillon, un miroir, un aquarium, une belle calligraphie judicieusement placés peuvent rectifier un mauvais "Feng Shui".

mercredi, octobre 10, 2007

Visite de tàiyuán (太原) - Partim 3

A Taiyuan l'air est très pollué. Je n'ai pas visité les centres industriels mais rien qu'en ville on en a une petite idée. Je reprend ci-dessous un texte de Monsieur Bruno Birolli paru dans Le Nouvel Observateur (L'article me semble cependant un peu poussé. Comme vous pouvez le voir sur les photos, on y vois à trois mètres.). Ensuite, promenade en photo à travers la ville, sa proche banlieue et un parc.


C’est la ville la plus polluée du monde

Les dragons de Taiyuan

Après plusieurs décennies de laisser-faire, la ville de Taiyuan tente de limiter les ravages de la pollution. Sans grand succès

L’odeur prend à la gorge dès la sortie de la gare. Epaisse, âcre, grasse. Une puanteur oubliée en Europe depuis les dernières grandes vagues de smog du Londres des années 1950. C’est celle du charbon brûlé. Bienvenue à Taiyuan (3 millions d’habitants), dans la province du Shanxi, à 500 kilomètres de Pékin! Il n’y a que des cheminées d’usines. Les beaux jours, le ciel est en permanence voilé. Les mauvais jours, la visibilité tombe à moins de 3 mètres lorsque les terribles tempêtes de sable venues de l’Ouest désertique plaquent au sol les effluves industriels. Les habitants se déplacent alors dans une pénombre jaune. Et pour éviter les accidents, la municipalité suspend la circulation.
Taiyuan a eu le privilège, dixit les autorités chinoises, d’avoir raflé en 1999 le sinistre titre de ville la plus polluée de Chine. Et donc de la planète, car la Chine monopolise les douze premières places de la hiérarchie mondiale des cités où l’air est le plus vicié. Les particules de dioxine de sulfure en suspension dans l’atmosphère ont dépassé cette année-là 3,65 fois le maximum autorisé par la législation chinoise, pourtant bien libérale. Depuis cette date, la position de Taiyuan oscille, selon les années, entre la première et la deuxième marche du podium.
Les habitants de Taiyuan, qui ont le sens de la formule, disent qu’ils vivent dans le voisinage de «trois dragons». Le premier est le Taiyuan Iron and Steel Group, reconnaissable à ses volutes rouges. Ce combinat, l’un des plus grands de Chine, est né dans les années 1930 à proximité de mines de charbon aux gisements abondants, mais de mauvaise qualité car trop sulfurés. Dans sa tâche à salir, ce dragon compte sur l’aide de deux acolytes: la fumée noire exhalée par les centrales thermiques et les dizaines de fonderies qui recyclent des ferrailles, et l’inquiétant panache jaune des sociétés chimiques. Le sol, lui aussi, est souillé. Pendant des décennies, l’industrie a rejeté ses scories sans souci de l’environnement. La vallée autour des laminoirs est une sorte de désert noir. Quant à l’eau, elle est dans un sale état. Au bord du grand réservoir qui irrigue les champs qui nourrissent la ville, des pêcheurs trempent leur bouchon entre des paquets de mousse d’un blanc douteux. «Il n’y a pas de risque que je mange le poisson, il n’y en a plus depuis belle lurette», ironise l’un d’entre eux. Alors pourquoi pêcher? «Faut bien s’occuper!» La rivière Shanxi agonise. Le degré de métaux lourds est deux cents fois supérieur au maximum permis! Les industriels pompent sans retenue ce cours d’eau au débit trop faible et y rejettent leurs eaux sales.
Au service de pneumologie de l’hôpital de Taiyuan, on énumère les conséquences de ces destructions de l’environnement: «Bronchite chronique, insuffisance respiratoire, trouble cardio-vasculaire, asthme, cancer, le tout à des taux largement au-dessus de la moyenne nationale.»«Parler de pollution était tabou il y a encore une dizaine d’années», explique un rédacteur du «Journal de la jeunesse du Shanxi», le principal quotidien local. Mais en 1996, le vent a tourné. Autrefois considérée comme une «information négative», et donc censurée, la pollution a été classifiée «information posi-tive». La presse est désormais encouragée à en parler. Du coup, le «Journal de la jeunesse» publie à la une l’indice de pollution de la journée. La municipalité, elle aussi, a retroussé les manches. «Nous voulons faire de notre ville une place civilisée, martèle le vice-maire, Yuan Gaosuo. Et sans air propre, nous ne pouvons pas nous considérer civilisé!» Trois cents chaufferies collectives datant des années 1950 ont été démolies et remplacées par un réseau de chauffage urbain alimenté par une seule chaudière moderne. Avec l’aide de la Banque asiatique de Développement et d’experts américains, les autorités ont mis en place un système de quotas attribués aux pollueurs, qui paient une taxe en cas de dépassement. Ces maxima attribués à chaque entreprise sont progressivement baissés.
L’objectif est de faire jouer le marché, de rendre les rejets polluants plus douloureux financièrement que l’installation de filtres. Malheureusement, la politique antipollution se perd parfois dans les méandres de la bureaucratie chinoise. Certaines décisions prises au niveau de la province sont ignorées par la municipalité parce que nuisant aux intérêts économiques. Et puis les pollueurs ont l’argument des «dessous de table» pour convaincre les fonctionnaires de fermer les yeux sur leurs excès. Mais surtout, et c’est imparable, l’amélioration des sites industriels est annulée par une nouvelle plaie: la circulation automobile. Comme toutes les villes chinoises, Taiyuan s’abandonne aux quatre-roues. Avec le même enthousiasme qu’elle a montré jusqu’à présent pour la houille et l’industrie lourde.


Et au détour d'une petite rue, un temple dédié à Confucius (孔子) avec un petit musée.
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Et pour terminer, petite visite dans un parc dont je vous épargne toutes les photos. Le parc est en rénovation. Les ouvriers taillent la pierre sans masques et respirent des nuages fumées. Quand je demande pourquoi ils n'ont pas de masques pour ce genre de travaux, on me répond par un petit sourire entendu.
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