mercredi, novembre 21, 2007

Promenade dans la ville 2

Dans la banlieue nord, ce sont les usines, sales, poussiéreuses, souillées.
Dans la banlieue est et ouest (de l'autre côté du fleuve), ce sont les pauvres, entassés dans leurs HLM.
Et dans la banlieue sud, ce sont les riches avec leurs parcs bien propres, leurs sites résidentiels, des batiments du gouvernement bien gardés (et dont les gardes se précipitent sur toi dès que tu essaye de prendre une photo), et comme partout un boom immobilier et de nouveaux immeubles qui sortent de terre.




Voici pour terminer un petit clip de promotion du développement chinois suivi d'un reportage sur ce que cela cache.


Promenade 1
Nankin 10
Nankin 9
Nankin 8

mardi, novembre 20, 2007

Travailleur migrant

Les travailleurs migrant sont officiellement 150 millions. Ils quittent la campagne pauvre et se dirigent vers les villes pour y être exploités dans des usines ou sur les chantiers. Ce sont eux qui font tourner la machine économique chinoise à du 10% de croissance, sans en recueillir les fruits.

Pour se déplacer et travailler en ville, ces ruraux ont besoin d'un permi de travail : Le hukou (户口). Le hukou permet de réguler les déplacements des travailleurs au gré des besoins : on les fait venir lorsqu’on a besoin d’eux et on les renvoie vers les campagnes lorsqu’ils sont en surnombre ou qu’on ne peut plus les accueillir. Quand un travailleur est victime d’un accident du travail ou quand il est trop «vieux» (en général vers la trentaine, étant donné le rythme épuisant des cadences), le hukou permet de le renvoyer vers sa campagne : en effet, un travailleur migrant n’a pas le droit de rester en zone urbaine s’il ne peut justifier d’un emploi.
Il peut devenir très lucratif pour un gouvernement local de laisser venir les travailleurs migrants en nombre. Leur présence attire des entreprises à la recherche de main d’œuvre bon marché. Ces entreprises devront s’acquitter d’impôts locaux. Et, toujours selon le système du hukou, les résidents temporaires d’une localité n’ont pas droit aux aides sociales, telles que les allocations logement ou allocations chômage. Les gouvernements locaux réalisent là d’importantes économies. Enfin, les travailleurs migrants ne sont pas autorisés à faire venir leur famille sur leur lieu de résidence temporaire, ce qui constitue une autre source d’économie pour les gouvernements urbains.
Mais malgré ce système et la colossale machine bureaucratique mise en place pour surveiller la population, les flux migratoires restent difficiles à contenir.
Il est difficile, voire impossible, de chiffrer avec exactitude le nombre de paysans chinois qui quittent la campagne pour partir à la recherche d’un emploi, mais on cite souvent le chiffre de 100 à 150 millions. Dans la semaine qui suit le nouvel an chinois, les travailleurs migrants retournent en ville après avoir rendu visite à leur famille et provoquent un chaos indescriptible dans les transports publics.
Cette quantité massive d’hommes et de femmes à la recherche d’un emploi non qualifiés tire les salaires et les conditions de travail à la baisse. Ces travailleurs sont aisément exploités par des employeurs qui fixent les salaires au plus bas niveau possible. Les nouveaux arrivants, en particulier, sont souvent prêts à accepter n’importe quel travail, dans l’espoir de recouvrer rapidement tous les frais qu’ils ont engagés (frais de transport et frais de demande de certificats).
Le cas de ce jeune homme bien décidé à quitter sa campagne pour aller travailler en ville, tel qu’il a été rapporté dans un quotidien (Yangcheng Wanbao Guangzhou evening news, 30 mars 2001), illustre tout ceci parfaitement. Un ami de ce jeune homme l’informe des opportunités d’emplois existantes en ville. Avant son départ, il doit remplir quelques formalités : il doit obtenir un permis pour quitter sa région (120 yuan, délai d’obtention six mois), une carte d’identité (80 yuan, délai d’obtention un mois), un certificat de célibat (60 yuan, valable un an) et un certificat prouvant qu’il n’est pas né hors quota du planning familial (45 yuan, valable un an). Avant même son départ, il a déjà dépensé 305 yuan. Rappelons que le salaire minimum mensuel à Shenzhen, en 2000, était de 547 yuan et que notre jeune homme n’aura de toute façon pas grande chance d’être embauché à ce salaire. Tout frais débarqué à Shenzhen et armé de ses papiers en règle, il aspire à devenir un travailleur migrant « légal » et à travailler au plus tôt. A l’usine où il s’adresse, on lui demande un dépôt de 300 yuan en échange d’un poste. Ensuite, il lui faut payer un permis de travail (40 yuan) et un permis de résidence temporaire (300 yuan) : à peine arrivé à Shenzhen, il a déjà déboursé 640 yuan, soit l’équivalent de presque deux mois de son premier salaire, sans compter ses frais de transport. Voilà comment la plupart des travailleurs migrants s’endettent dès leur arrivée en zone urbaine.
Selon certaines estimations officielles, les travailleurs migrants dépensent en moyenne 600 yuan par an en certificats. Ils doivent porter ces documents sur eux en permanence et risquent la prison s’ils se font arrêter sans leurs papiers. Mais pour posséder tous ces papiers, il faut justifier d’un emploi. On comprend dès lors que la recherche d’un emploi puisse tourner à l’obsession. Le fait que les ouvriers potentiels soient souvent contraints de verser une avance pour « réserver » un emploi est symptomatique de leur détresse. Cette pratique est d’ailleurs devenue habituelle, même dans les usines étrangères. A première vue, elle semble paradoxale : ce n’est plus l’employeur qui rémunère un travail mais l’ouvrier qui doit avancer une somme pour réserver son emploi. Cette somme contraint ensuite l’employé à rester dans l’usine en question, sinon il court le risque de perdre sa mise de départ. Il se trouve ni plus ni moins dans une situation de travail forcé.
Une autre habitude commune à beaucoup d’employeurs est de retenir chaque mois une partie du salaire de leurs employés, tout en promettant de verser le solde en fin d’année. Dans ce cas de figure, plus un employé aura travaillé longtemps dans une usine, plus il lui sera difficile de quitter son employeur. L’employé est alors à la merci de son patron et vit dans la crainte de perdre cette portion de son salaire dans l’éventualité où il souhaiterait quitter l’usine parce que les conditions de travail ont dépassé les limites du supportable.
Enfin, la confiscation pure et simple des papiers des employés constitue certainement la pratique la plus « efficace » du point de vue des patrons. Sans ses papiers, un travailleur migrant qui cherche à quitter une usine aux conditions de travail déplorables se verra dans l’incapacité totale de le faire. Par ailleurs, il est d’autant plus facile de surveiller les allées et venues des ouvriers en dehors de leurs heures de travail puisque les dortoirs sont généralement situés dans l’enceinte même de l’usine.

Voici le témoignage de l'une d'entre elle. Elle a 30 ans, a quitté le lieu où elle a grandi dans la province de l’Anhui - une des plus pauvres de Chine - à l’âge de 18 ans et n’a pas cessé depuis d’aller d’un endroit à l’autre pour gagner sa vie. Travailleuse migrante comme il y en a tant en Chine, elle a réussi en quelques minutes à dresser un portrait de son existence. (100 yuan = 10 euro).

Souce de la vidéo : le site génial d' Olivier Ruelle, http://blogenchine.com/

lundi, novembre 19, 2007

Pékin ou Beijing ?

Le terme Pékin aurait été utilisé pour la première fois par le jésuite français Nicolas Trigault (1577-1628), qui a mis au point le premier système de transcription phonétique du chinois. Depuis, cette orthographe est aussi acceptée par le système de l'École française d'Extrême-Orient (EFEO) établi au début du XXème siècle.

Le terme Beijing quant à lui est la transcription du nom de la ville selon le système officiel "Pinyin" (汉语拼音 hanyu pinyin), mis en place par les autorités chinoises depuis les années 1950. En 1977, la troisième Conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques a recommandé -d'après le travail du Groupe d'experts des Nations Unies sur les noms géographiques-, que «l'alphabet phonétique chinois (Pinyin) soit adopté comme système international ».
En 1982, l'Organisation Internationale de Normalisation a adopté le Pinyin comme système de romanisation du mandarin (ISO 7098).
Depuis, le Pinyin est devenu le système de transcription du chinois le plus répandu dans les ouvrages modernes, ainsi que dans l'enseignement de la langue chinoise en tant que langue étrangère.
Depuis les années 1960, Les administrations et les médias chinois utilisent dans la quasi-totalité de leurs documents officiels l'orthographe Beijing.
Pourtant, depuis une vingtaine d'année, les locuteur de langue francaise n'ont toujours pas adopté cette "nouvelle" orthographe.

On peut affirmer qu'officiellement, l'orthographe correcte du nom de la capitale chinoise est Beijing, et non Pékin, même si dans la pratique, les deux sont utilisées. Sur la version en langue française du site internet de l'ONU, le terme Beijing apparaît environs 13 800 fois contre 645 fois pour Pékin.
Dans l'histoire contemporaine, le changement d'orthographe d'un lieu géographique est un phénomène courant notamment dans un contexte de décolonisation ou de réclamation d'identité culturelle. Par exemple, la Ville de Mumbai rebaptisée Bombay en 1995. De même, la République de Corée a annoncé en janvier 2005 que le nom de sa capitale Séoul devait être traduit en chinois par 首尔 (shǒu'ěr) et que l'ancienne appellation imposée par la tradition sinophone 汉城 (Hànchéng) ne devait plus être utilisée. Malgré une acceptation difficile de la part de la population chinoise qui estime ce changement plus politique que pratique, la diplomatie chinoise applique le principe du respect de la volonté du pays concerné sur la question de l'appellation du lieu géographique. Depuis début 2006, ce sont donc les caractères首尔 qui sont utilisés dans les médias chinois.
Aujourd'hui, l'application de ce principe de respect n'est pas obligatoire dans les relations internationales, bien que selon la coutume du droit international, le choix des autorités locales et les décisions de l'ONU et de l'ISO, en l'occurrence l'utilisation du Pinyin pour la Chine, doivent être pris en considération. L'orthographe Beijing serait davantage répandue avec l'arrivée des Jeux Olympiques 2008, même s'il faudra encore du temps avant qu'elle ne devienne un jour la norme dans la langue française.

dimanche, novembre 18, 2007

Visite de Sarko en chine

La semaine prochaine, première visite du nouveau président français, Nicolas Sarkozy, en chine. Lors de son premier grand discours diplomatique après son accession à l'Elysée, il avait déclaré a propos de la chine : « ...La Chine est également en train de transformer sa quête insatiable de matières premières en stratégie de contrôle, notamment en Afrique, au mépris des normes sociales et en utilisant le yuan comme une arme politique. ». Il sera intéressant d’observer son discour un fois qu’il sera en face des représentants chinois. Dans ce pays ou la flaterie est un art, il ferait bien de calmer son ardeur naturelle et de flater ses interlocuteurs s’il veut y promouvoir les intérêts français.
On ne peut pas dire que l’europe et ses pays soit au centre de l’intérêt des chinois (bien en deça par rapport au lien commercial), ce sont les états-unis qui concentre l’attention des chinois dans un mélange d’admiration répultion, je t’aime moi non plus. 59% des chinois pensent que les Etats-Unis sont un frein au développement de la Chine. Fait plus inquiétant, plus les personnes interrogées sont éduquées, plus elles se disent anti-américaine. Et pourtant ils sont tous devenu obsédé par l’aprentissage de l’anglais et mes amis chinois passent des heures a regarder les exploits de leur compatriote Yao Ming en MBA.
Depuis le début des années 90 le leadership chinois a éduqué sa population dans le sens du retour au prestige du passé, c'est-à-dire l'ambition de retrouver le statut d'hyperpuissance mondiale en actionnant tous les leviers économiques possibles et en ouvrant les vannes des investissements étrangers. C'est ainsi que la population marche dans le même sens et reconnaît une certaine compétence et légitimité à son gouvernement. Tout les chinois sont certains que dans 20 ans, la chine sera une grande puissance capable de rivaliser avec les états-unis. C’est en tout cas la propagande officielle, le pacte entre le pouvoir et la population qui légitime le pouvoir actuel. A l'extrême opposé de cette vision, les nouvelles technologies de communication et le nombre croissant d'étudiants à l'étranger déconstruisent des barrières et des appréhensions et le flot des contestations ne pourra pas être endigué par la censure. Le rugissement ne fait que commencer. Tant que la croissance est au rendez-vous tout va bien. Mais le jour ou elle va s’aténuer, la chine fera face à ses contradictions et ses problèmes structurels.
Bien sûr que les chinois ont soif de justice sociale et d'une meilleure répartition de la production des biens, bien sûr ils détestent l'appareil politique vérolé et corrompu mais non en majorité la révolution n'est pas appelée des vœux des patriotes rouges. Pour l’instant, pragmatisme et possibilité de réussite sociale sont les priorités. Surtout pour ceux qui ont encore en tête le chaos de la Révolution Culturelle. « Qui peut être aussi naïf de penser que la Chine serait une meilleur pays avec la démocratie ? » pensent-ils.

Il est temps d'éteindre nos téléviseurs qui peuvent être en couleurs mais qui pensent encore en noir et blanc. Je suis certain que malgré la soif de justice que souhaite défendre monsieur Sarkozy, la semaine prochaine, la diplomatie reprendra ses droits. Il y a les critiques envers la chine émises par les politique occidentaux quand ils parlent a leurs électeurs puis le pragmatisme dont l’anecdode suivante est un exemple.

http://www.chine-informations.com
Attention aux sujets qui fâchent: un "guide pratique" édité par le ministère français du Tourisme déconseille explicitement aux professionnels du secteur de mentionner la répression de la place Tiananmen, la situation au Tibet ou les tensions avec Taïwan lors de négociations avec des interlocuteurs chinois.
"Eviter de parler de politique chinoise, par exemple: événements de la place Tiananmen, les questions stratégiques de Taïwan ou du Tibet", peut-on lire au chapitre "Négocier et faire des affaires" de cette brochure de 65 pages intitulée "Les touristes chinois: comment bien les accueillir?"
Une recommandation jugée "complètement scandaleuse" par Elisabeth Alles, chargée des questions sur la Chine à la Ligue des droits de l'Homme.
"Nous savons très bien que le mot 'Tiananmen' est pratiquement interdit en Chine, mais en France non, et donc les Français n'ont pas à se soumetre aux directives qui sont en vigueur en République populaire de Chine", a-t-elle déclaré à l'Associated Press.
Même indignation de Marcelle Roux, présidente de France Tibet, qui trouve "honteux" que les autorités françaises fournissent de telles recommandations. "Ca me choque beaucoup", a-t-elle confié.
De l'avis de Franck Paillard, sous-directeur de la communication à la Maison de la France, qui coédite ce guide, le passage incriminé vise surtout à faciliter la discussion avec les Chinois. "C'est plus pour ne pas les heurter", a-t-il expliqué. "Ce n'est pas que nous ne voulons pas en parler, c'est que, apparemment, c'est plutôt eux que ça dérange."
Selon M. Paillard, la France a enregistré l'an dernier la venue de 650.000 à 660.000 visiteurs chinois, contre 600.000 en 2005, et compte beaucoup sur l'essor de ce tourisme. De fait, a-t-il ajouté, "si on veut faire des affaires avec eux et qu'on commence à dire des choses qu'ils n'aiment pas..."
Sans faire de commentaire sur le fond, le ministère des Affaires étrangères a préféré minimiser la portée du document, qui a été tiré à 6.000 exemplaires. "Il est évident que cette brochure ne traduit en aucune façon un changement de politique vis-à-vis de la Chine", assurait-on au Quai d'Orsay.
Destiné aux "professionnels du tourisme français", ce guide donne une foule de conseils pratiques, comme par exemple de prévoir de la sauce au soja et de la pâte de piment sur la table d'hôtes chinois "pour leur permettre de relever le goût des plats français qu'ils peuvent trouver fades".


5 décembre 2007. Ca y est, il est venu. Quelques vidéos :











En tout cas, Sarkozy aura réussi à faire tourner certaines têtes. Ainsi, Namu, mannequin et chanteuse, très célèbre en Chine, multiplie les étonnantes déclarations d'amour à Nicolas Sarkozy...


samedi, novembre 17, 2007

京剧


Théatre de Pékin. Quand j'ai été acheté mon billet, on m'a demandé si j'avais des enfants. 我没有孩子. Voici une représentation de théatre pour enfant.





Opéra chinois 3
Opéra chinois 2
Opéra chinois 1

jeudi, novembre 15, 2007

Les 36 stratagèmes

Voici quelques extraits d'un livre que je viens de terminer : Les 36 stratagèmes.
En 1939, sur un marché de Chine du Nord, un Chinois découvre un livre de recettes d'immortalité. A la fin de l'ouvrage se trouve un court traité:
Ce recueil gardé secret jusqu'au 20e siècle date probablement de l'époque de la Dynastie des Ming (1366-1610). C'est un catalogue de toutes sortes de techniques de ruses, chacune accompagnée d'un commentaire théorique inspiré du Livre des Mutations (Yijing) et des exemples. Les techniques de ruses permettent de faire face à toutes les situations conflictuelles, et de l'emporter sur l'adversaire, jusque dans les batailles presque perdues. C'est aujourd'hui l'un des traités militaires les plus lus avec
"l'art de la guerre" de Sun Tzu .

Je vous livre ici de petites histoires à titre d'illustration, si vous voulez pousser plus loin la réflexion, lisez le livre.
_
"Tchang Hsiun, assiégé dans Yong-hou Tch'ao, confectionna plus d'un millier de manequins en paille, les revêtit de vêtements noirs et les fit descendre le long de la muraille à l'aide de cordes. L'armée de Tch'ao décrocha contre eux une pluie de traits, si bien que les assiégés purent recueillir plus de cent milles flèches. La nuit suivante, Tchang répéta l'opération; les assiégeants se contentèrent de ricaner sans prendre aucune mesure de précaution. Tchang envoya cinq cents hommes résolus semer la désolation dans le camp ennemi, brûler ses tentes et pourchasser les fuyards sur plus de dix lieues."
...
"Alors que Kong Jong se trouvait assiégé, son général T'ai-che Ts'eu devait traverser les lignes ennemies pour chercher des renforts. Il imagina le plan suivant : la cravache à la main et l'arc en bandoulière, il sortit des portes escorté de deux autres cavaliers qui portaient les cibles, provoquant la stupeur tant parmi les assiégés que les assiégeants. Il gagna les remblais en bas des murs, y fit dresser les cibles et s'exerça au tir. Les flèches du carquois épuisées, il rentra dans la ville. Le lendemain il répéta l'exercice; seule une moitié des assiégeants se leva pour le regarder. Après plusieurs jours de ce manège, plus personne ne fit attention à lui. Un beau matin, ses préparatifs achevés et son déjeuner expédié, il enfourcha son cheval, piqua des deux et traversa les lignes adverses au grand galop. Avant que l'ennemi ait repris ses esprits, il était déjà loin."
...
"En -354 le Wei attaque le Tchao et met le siège devant sa capitale, Han-tan. Le Tchao aux abois appelle à l'aide le Ts'i. Le général en chef des armées du Ts'i, T'ien Ki veut se porter directement au secour des assiégés, mais Sun Pin qui le seconde en qualité de maître de stratégie l'en dissuade en lui faisant valoir que le Wei a envoyé ses meilleurs troupes hors des frontières agresser le Tchao, ne laissant au-dedans que des vieillards et des enfants harassés. La meilleure solution consiste à fondre sur la capitale, Grand-Pont, coupant ainsi les lignes de communication et occupant l'espace laissé vacant. L'adversaire sera contraint de lâcher le Tchao pour porter secours à son territoire menacé. Par ce seul mouvement non seulement Han-tan sera libéré mais encore un coup sévère sera porté au Wei. T'ien Ki suit le plan de son conseiller. L'armée du Wei est obligée de lever le siège; les soldats du Ts'i engagent le combat à Kouei-ling et lui infligent une sanglante défaite."
...
"Le roi du Wei offrit au roi de Tch'ou une fille ravissante, dont il ne manqua pas de s'éprendre. Connaissant ses sentiments, son épouse, Dame Tcheng, lui manifesta l'amitié la plus vive, renchérissant sur le roi. Elle lui faisait don de ses plus beaux vêtements et de ses bijoux les plus précieux, la laissant choisir ceux qui lui plaisaient. Et le roi, ravi, disait: "Ah, sachant quel amour je porte à la nouvelle concubine, ma femme veut l'aimer plus encore que je ne l'aime ! N'est-ce pas admirable, c'est là l'attitude d'un fils pieux qui sert ses parents, d'un ministre loyal qui se dévoue pour son seigneur !".
Une fois sûre de n'être jamais soupçonnée de jalousie par son seigneur et maître, Dame Tcheng dit perfidement à sa rivale: "Le roi vous adore; mais votre nez lui déplaît. Quand vous vous présentez à lui, mettez donc la main devant pour le cacher; ce geste vous attachera le roi à jamais."
La pécore s'empressa de suivre le conseil de l'épouse. Chaque fois qu'elle se trouvait en présence du souverain, elle se mettait la main devant le nez. Le roi intrigué s'en ouvrit à sa femme:
- Pourquoi donc la nouvelle épouse se couvre le nez avec la main chaque fois qu'elle me voit ?
- Je ne saurais vous le dire.
Pressée par son époux, la rouée finit par lâcher:
- Elle dit que votre odeur l'incommode.
Le roi s'emporta:
- Alors, qu'on lui coupe le nez !
Comme Tcheng aux-belles-manches, de peur que le souverain ne revienne sur sa décision, avait au préalable chapitré les gardes pour qu'ils exécutent sans délai tout ordre de leur maître, ceux-ci s'empressèrent de sortir leurs épées et de trancher le nez de la favorite."
...
"Le roi Tch'eng de Tch'ou avait désigné le prince Chang-tch'en pour lui succéder. Il voulut lui substituer Tche, Chang-tch'en en eut vent, sans en avoir le preuve formelle. Il appela donc son précepteur, P'an Tchong et lui demanda:
- Comment s'en assurer ?
- Manquez donc de respect à la soeur du roi, Dame Kiang-mi, à l'occasion du prochain banquet.
Le prince suivit son conseil.
- Grossier personnage ! s'exclama la tante outragée, le roi a bien raison de vouloir te remplacer par Tche !
"C'est donc vrai", se dit Chang-tch'en.
P'an Tchong demanda:
- Etes vous prêt à servir Tche s'il est nommé à votre place ?
- Pas question.
- Etes vous prêts à vous exiler ?
- Non !
- Et à accomplir un acte grave !
- Pour ça oui!
Le dauphin leva la garde du palais et attaqua le roi Tch'eng. Celui-ci, acculé par les rebelles, demanda la faveur de se régaler une dernière fois de pattes d'ours avant de mourir, elle lui fut refusée; alors il mit fin à ses jours."
...
"- Le roi de Wei, déclara une fois Houei Cheu à son Maître Tchouang, m'a laissé des graines de courges géantes. Je les ai plantées et elles ont donné des fruits tellement énormes qu'ils ne pouvaient ni servir de jarre, les parois n'étant pas assez solides, ni être débités pour faire des coupes, car elles auraient été trop plates pour rien contenir. Pour être énormes, ça, elles étaient énormes, mais n'en ayant aucun usage, je les ai réduites en miettes !
- Cela prouve, rétorqua Maître Tchouang, que tu es incapable de voir grand. Un homme de Song avait découvert un baume contre les engelures. Sa descendance l'utilisait depuis lors de père en fils pour laver en toute saisons la soie brute. Un étranger en entendit parler et en offrit cent pièces d'or. La famille se réunit pour examiner sa proposition: "Voilà des générations que nous nous échinons à faire métier de laveurs de soie et nous n'avons pu amasser à grand-peine que quelques pièces d'or. Maintenant que nous avons l'occasion de nous trouver à la tête de cent pièces d'or en un seul jour en vendant notre secret de fabrication, ce serait folie de tergiverser !" Une fois en possession de la formule, l'homme se rendit auprès du roi de Wou. Or il se trouvait que le Yue venait d'ouvrir les hostilités contre son voisin. Le roi de Wou accorda à l'étranger le commandement de sa flotte. Pendant l'hiver, il y eut un engagement naval et la flotte du Yue fut défaite grâce au baume dont les marins avaient enduit leurs mains pour les protéger du froid. Le Yue céda une portion de son territoire au roi de Wou qui l'offrit en apanage à son général pour le récompenser de ses services. Le même baume permit dans un cas d'acquérir un fief tandis que dans l'autre il ne servit jamais qu'à laver la bourrette de soie.
Et Maître Tchouang conclut:
- Tu avais une courge de cinquante boisseaux. Pourquoi ne pas avoir songé à en faire un navire pour voguer sur les fleuves et les lacs au lieu de te lamenter qu'elle fût trop plate pour rien contenir ? Que tu as l'esprit étriqué !"


Gun, le hibou et la tortue

samedi, novembre 10, 2007

Différences culturelles


Yang Liu est une artiste chinoise née à Beijing et vivant depuis 1990 en Allemagne. Elle a mis en place en 2003 une exposition intitulée "Différences entres Allemands et chinois". http://www.yangliudesign.com/ Les illustrations que Yang Liu a réalisées sont parfois caricaturales, à la limite du cliché, mais souvent tordantes de réalisme. En voici quelques-unes avec à gauche les occidentaux en bleu et à droite, les chinois en rouge.

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Enfance


Différences culturelles 1
Différences culturelles 2

mercredi, novembre 07, 2007