vendredi, février 01, 2008

Défis et crise écologique chinois

Interview de Monsieur Benoît Vermander au sujet de son ouvrage ‘Chine brune ou Chine verte ? L’État-parti au défi’ paru aux Presses de Sciences Po – 2007.

La Chine fait face à plusieurs défis : une grave crise écologique, des tensions sociales liées notamment à la répartition de la terre et des richesses, et une stratégie internationale qui s’apparente à un exercice d’équilibriste. L’État-parti, mis en question par une société civile émergente, n’est plus le moteur mais le frein du développement. Enfin, habitée par un malaise identitaire récurrent, la Chine cherche sa juste place dans la communauté mondiale.

Un économiste ajouterais aux défis soulignés par Monsieur Vermander : la réforme du système bancaire, l'assainissement des entreprises d'état, la spéculation immobilière, la corruption. Pour plus d’informations sur ce livre, je vous renvois au site des jésuites http://www.jesuites.com/actu/2007/chinebrune.htm .

Voici trois reportages qui illustrent la très grave crise écologique due à l’industrialisation de la Chine.

Sur France 24, "particulièrement les Francais" sauvent le monde. Nous voila rassurés.
Je vous renvois également à un message que j'avais déjà publié sur
la pollution du Yangtze.

Sur le site http://laviedesidees.fr/
, Ji Zhe nous parle d'un article de Sun Liping (professeur de sociologie à l’Université Tsinghua) : 守卫底线 (Défendre la dernière ligne), novembre 2007.
Dans Défendre la dernière ligne, Sun Liping cherche à comprendre pourquoi les réformes institutionnelles (système légal, procédures administratives) tendent à échouer en Chine. Il constate que depuis le lancement des réformes dans les années 1980, les autorités ont élaboré nombre de lois et règlements, mais que ceux-ci fonctionnent rarement comme prévu. Par exemple, les mesures chinoises contre la corruption ne sont pas moins sophistiquées que celles appliquées par les pays occidentaux ; à certains égards, elles sont même plus complexes et surtout plus sévères. Elles n’empêchent pourtant pas la corruption de s’épanouir à tous les niveaux de la vie sociale. La raison n’en résiderait pas tant dans la nature des mesures elles-mêmes que dans la faiblesse du « terrain » sur lequel elles sont appliquées : ce que l’auteur appelle l’« ordre social fondamental », autrement dit le sens moral qui gouverne les interactions et les échanges dans la vie quotidienne.
En général, explique Liping, l’« ordre fondamental » d’une société est stable et n’évolue que très lentement, indépendamment des changements au sommet du pouvoir. Dans le cas de la Chine contemporaine cependant, il serait atteint par la violence et la rapidité des transformations en cours : la « dernière ligne » de défense de la société serait tombée. Pour trois raisons au moins. Premièrement, les différents groupes sociaux – les élites, la classe moyenne émergente et les classes populaires – tendent à s’isoler les uns des autres et à éprouver une grande méfiance réciproque. Deuxièmement, les mécanismes garantissant des procédures judiciaires équitables et un minimum de justice font toujours défaut en Chine : les victimes des injustices ne trouvent toujours pas d’endroit pour réclamer réparation. Troisièmement, le pragmatisme s’applique dans tous les domaines de la vie sociale : l’efficacité étant considérée comme la valeur suprême, on a même accepté l’idée que l’équité et la justice peuvent simplement consister à favoriser l’efficacité. L’éthique et la moralité étant tombées en désuétude, les individus seraient obligés de défendre leurs intérêts par la ruse ou la violence.
Dans une société dont l’« ordre de base » est brisé, les lois et règlements deviennent des chiffons de papier. C’est pourquoi les vraies réformes ne peuvent pas se focaliser uniquement sur les institutions et les procédures, mais doivent s’efforcer de recréer et de défendre l’autonomie et le sens moral de la vie sociale. Malheureusement, Liping en reste au diagnostic et à cette proposition générale ; quant à la question de savoir comment récréer concrètement la « dernière ligne » de défense, il laisse le lecteur sur sa faim.

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