mercredi, octobre 10, 2007

Visite de tàiyuán (太原) - Partim 3

A Taiyuan l'air est très pollué. Je n'ai pas visité les centres industriels mais rien qu'en ville on en a une petite idée. Je reprend ci-dessous un texte de Monsieur Bruno Birolli paru dans Le Nouvel Observateur (L'article me semble cependant un peu poussé. Comme vous pouvez le voir sur les photos, on y vois à trois mètres.). Ensuite, promenade en photo à travers la ville, sa proche banlieue et un parc.


C’est la ville la plus polluée du monde

Les dragons de Taiyuan

Après plusieurs décennies de laisser-faire, la ville de Taiyuan tente de limiter les ravages de la pollution. Sans grand succès

L’odeur prend à la gorge dès la sortie de la gare. Epaisse, âcre, grasse. Une puanteur oubliée en Europe depuis les dernières grandes vagues de smog du Londres des années 1950. C’est celle du charbon brûlé. Bienvenue à Taiyuan (3 millions d’habitants), dans la province du Shanxi, à 500 kilomètres de Pékin! Il n’y a que des cheminées d’usines. Les beaux jours, le ciel est en permanence voilé. Les mauvais jours, la visibilité tombe à moins de 3 mètres lorsque les terribles tempêtes de sable venues de l’Ouest désertique plaquent au sol les effluves industriels. Les habitants se déplacent alors dans une pénombre jaune. Et pour éviter les accidents, la municipalité suspend la circulation.
Taiyuan a eu le privilège, dixit les autorités chinoises, d’avoir raflé en 1999 le sinistre titre de ville la plus polluée de Chine. Et donc de la planète, car la Chine monopolise les douze premières places de la hiérarchie mondiale des cités où l’air est le plus vicié. Les particules de dioxine de sulfure en suspension dans l’atmosphère ont dépassé cette année-là 3,65 fois le maximum autorisé par la législation chinoise, pourtant bien libérale. Depuis cette date, la position de Taiyuan oscille, selon les années, entre la première et la deuxième marche du podium.
Les habitants de Taiyuan, qui ont le sens de la formule, disent qu’ils vivent dans le voisinage de «trois dragons». Le premier est le Taiyuan Iron and Steel Group, reconnaissable à ses volutes rouges. Ce combinat, l’un des plus grands de Chine, est né dans les années 1930 à proximité de mines de charbon aux gisements abondants, mais de mauvaise qualité car trop sulfurés. Dans sa tâche à salir, ce dragon compte sur l’aide de deux acolytes: la fumée noire exhalée par les centrales thermiques et les dizaines de fonderies qui recyclent des ferrailles, et l’inquiétant panache jaune des sociétés chimiques. Le sol, lui aussi, est souillé. Pendant des décennies, l’industrie a rejeté ses scories sans souci de l’environnement. La vallée autour des laminoirs est une sorte de désert noir. Quant à l’eau, elle est dans un sale état. Au bord du grand réservoir qui irrigue les champs qui nourrissent la ville, des pêcheurs trempent leur bouchon entre des paquets de mousse d’un blanc douteux. «Il n’y a pas de risque que je mange le poisson, il n’y en a plus depuis belle lurette», ironise l’un d’entre eux. Alors pourquoi pêcher? «Faut bien s’occuper!» La rivière Shanxi agonise. Le degré de métaux lourds est deux cents fois supérieur au maximum permis! Les industriels pompent sans retenue ce cours d’eau au débit trop faible et y rejettent leurs eaux sales.
Au service de pneumologie de l’hôpital de Taiyuan, on énumère les conséquences de ces destructions de l’environnement: «Bronchite chronique, insuffisance respiratoire, trouble cardio-vasculaire, asthme, cancer, le tout à des taux largement au-dessus de la moyenne nationale.»«Parler de pollution était tabou il y a encore une dizaine d’années», explique un rédacteur du «Journal de la jeunesse du Shanxi», le principal quotidien local. Mais en 1996, le vent a tourné. Autrefois considérée comme une «information négative», et donc censurée, la pollution a été classifiée «information posi-tive». La presse est désormais encouragée à en parler. Du coup, le «Journal de la jeunesse» publie à la une l’indice de pollution de la journée. La municipalité, elle aussi, a retroussé les manches. «Nous voulons faire de notre ville une place civilisée, martèle le vice-maire, Yuan Gaosuo. Et sans air propre, nous ne pouvons pas nous considérer civilisé!» Trois cents chaufferies collectives datant des années 1950 ont été démolies et remplacées par un réseau de chauffage urbain alimenté par une seule chaudière moderne. Avec l’aide de la Banque asiatique de Développement et d’experts américains, les autorités ont mis en place un système de quotas attribués aux pollueurs, qui paient une taxe en cas de dépassement. Ces maxima attribués à chaque entreprise sont progressivement baissés.
L’objectif est de faire jouer le marché, de rendre les rejets polluants plus douloureux financièrement que l’installation de filtres. Malheureusement, la politique antipollution se perd parfois dans les méandres de la bureaucratie chinoise. Certaines décisions prises au niveau de la province sont ignorées par la municipalité parce que nuisant aux intérêts économiques. Et puis les pollueurs ont l’argument des «dessous de table» pour convaincre les fonctionnaires de fermer les yeux sur leurs excès. Mais surtout, et c’est imparable, l’amélioration des sites industriels est annulée par une nouvelle plaie: la circulation automobile. Comme toutes les villes chinoises, Taiyuan s’abandonne aux quatre-roues. Avec le même enthousiasme qu’elle a montré jusqu’à présent pour la houille et l’industrie lourde.


Et au détour d'une petite rue, un temple dédié à Confucius (孔子) avec un petit musée.
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Et pour terminer, petite visite dans un parc dont je vous épargne toutes les photos. Le parc est en rénovation. Les ouvriers taillent la pierre sans masques et respirent des nuages fumées. Quand je demande pourquoi ils n'ont pas de masques pour ce genre de travaux, on me répond par un petit sourire entendu.
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